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L'ambassadeur de Chine en France convoqué pour "certains propos" liés au coronavirus

Certains responsables européens ne cachent plus leur irritation face à Pékin, accusé ces derniers jours d'avancer ses pions géopolitiques sous couvert de générosité et de diplomatie sanitaire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ambassadeur de Chine en France Lu Shaye à Paris, le 10 septembre 2019. (MARTIN BUREAU / AFP)

Il a été convoqué par le ministre français des Affaires étrangères. Jean-Yves Le Drian a fait part à l'ambassadeur de Chine en France de sa "désapprobation" vis-à-vis de "certains propos récents" critiquant la réponse occidentale à la pandémie de nouveau coronavirus. "Le Covid-19 est une pandémie qui touche tous les continents et toutes les sociétés. Face au virus et à ses conséquences sur nos économies, les polémiques n'ont pas leur place et la France œuvre résolument en faveur de l'unité, de la solidarité et de la plus grande coopération internationale", souligne le ministre français des Affaires étrangères dans son communiqué publié mardi 14 avril, dans la soirée.

"Certaines prises de position publiques récentes de représentants de l'ambassade de Chine en France ne sont pas conformes à la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays", déplore le ministre. Il fait ainsi référence à la campagne décomplexée menée par cette ambassade pour vanter la "victoire" du gouvernement chinois dans sa bataille contre le coronavirus et critiquer la gestion occidentale de cette épidémie.

Des accusations contre des soignants français

Dimanche, l'ambassade de Chine en France a publié sur son site un long texte, intitulé "Rétablir des faits distordus - Observations d'un diplomate chinois en poste à Paris". Les Occidentaux y sont notamment accusés de dénigrer injustement la Chine après avoir qualifié la maladie Covid-19 de "grippette" au début de l'épidémie. Les Américains sont aussi critiqués, pour avoir limogé le commandant d'un de leurs porte-avions qui demandait l'accostage de ses membres d'équipage contaminés.

Le texte accuse aussi - sans fournir de preuves - le personnel soignant français des établissements pour personnes âgées (Ehpad) d'avoir "abandonné leurs postes du jour au lendemain (...) laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie".

Une tribune pour Taïwan qui ne passe pas

Par ailleurs, dans ce texte, l'ambassade de Chine accuse "les autorités taïwanaises, soutenues par plus de 80 parlementaires français dans une déclaration co-signée", d'avoir insulté le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en utilisant "le mot 'nègre' pour s'en prendre à lui". Il s'agit d'une référence à une tribune publiée le 31 mars dans l'hebdomadaire L'Obs, dans laquelle des parlementaires français et taïwanais déplorent que Taïwan soit "toujours et encore exclu" de l'OMS, sans toutefois employer de propos insultant.

L'île de Taïwan, que Pékin considère toujours comme faisant partie du territoire chinois, a été exclue de l'OMS, au sein de laquelle elle bénéficiait d'un statut d'observateur jusqu'en 2016. C'est cette année-là que Tsai Ing-wen, qui refuse de reconnaître le principe de l'unité de Taïwan et de la Chine continentale au sein d'un même pays, est arrivé au pouvoir.

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