L'application StopCovid peut-elle vous considérer comme cas contacts dans votre voiture, à un feu rouge, comme le prétend Valérie Pécresse ?
Parmi les défauts de l’applicationStopCovid, la présidente de la région Île-de-France considère qu’elle peut vous considérer comme cas contact d’un malade du Covid-19 croisé à un feu rouge. Un risque qui n’est pas nul, mais peu probable...
L’application StopCovid "a plein de défauts", estime la présidente de la région Île-de-France. Pour appuyer son raisonnement, Valérie Pécresse explique, jeudi 28 mai sur Europe 1 que "par exemple, si vous croisez quelqu’un dans une voiture à touche-touche, à un feu rouge, elle peut dire que vous avez contaminé la personne alors qu’elle est en voiture". C’est peu probable, mais pas impossible. La Cellule Vrai du Faux vous explique pourquoi.
StopCovid alerte en cas de contact à moins d’un mètre
L’application StopCovid détecte les interactions entre deux personnes qui ont téléchargé l’application. Lors d'une rencontre entre des personnes utilisant StopCovid, le téléphone enregistrera leurs identifiants anonymisés dans l'historique de l'application. Si vous déclarez être malade du Covid-19, l’application préviendra toutes les personnes avec lesquelles vous avez interagi pendant au moins 15 minutes et à moins d’un mètre dans les deux dernières semaines. L’application considère donc que vous pouvez avoir contaminé toutes les personnes qui entrent dans ce cadre.
L'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) coordonne la mise en fonctionnement de l’application. Elle indique avoir "utilisé cette donnée transmise par Santé publique France et la direction générale de la santé (DGS), sur la base de recherches d’épidémiologistes. C’est une donnée commune pour les cas de détections manuelles et informatiques" avec l'application. Les services de l’assurance maladie et les médecins utilisent la même base pour remonter une chaîne de contamination.
Un feu rouge ne dure pas assez longtemps
Avec le cas de figure présenté par Valérie Pécresse, il est possible que deux personnes, l’une passagère, l’autre conductrice, dans deux voitures différentes arrêtées et très proches à un feu rouge, soient à moins d’un mètre l’une de l’autre.
Interrogé sur la distance de détection, le secrétariat d’Etat au numérique explique que l’application a une marge d’erreur sur le mètre. Elle peut détecter à partir de 90 cm ou 1m10. En revanche, il paraît compliqué que deux personnes restent aussi proches à un feu rouge pendant 15 minutes, sauf si le trafic bouchonne fortement.
Selon les dispositions de l’article 110-C.3 de l’arrêté du 21 juin 1991 relatif à l'approbation de modifications de l'instruction interministérielle sur la signalisation routière, "le temps d'attente imposé à un usager ne doit jamais excéder 120 secondes en fonctionnement normal". Cela représente deux minutes. L’arrêté précise que le temps peut être rallongé "dans certaines circonstances exceptionnelles d'actions prioritaires (proximité d'un passage à niveau, d'un pont mobile, etc.)", et que "la nécessité de faire dégager d'urgence certains véhicules peut conduire à déroger aux contraintes de durée précédentes". Cela est donc loin des 15 minutes. Le secrétariat d’Etat au numérique précise que "si vous croisez quelqu’un trois fois cinq minutes, vous pouvez aussi être repéré". Il est peu probable cependant de croiser la même personne sur plusieurs feux rouges dans la même journée.
Un risque qui n’est pas nul, mais peu probable
Valérie Pécresse pointe le risque que l’application détecte et alerte des contacts alors qu’ils ne sont vraisemblablement pas à risque. Le cas du feu rouge, s’il est peu probable, n’est pas impossible selon l’Inria : "Les vitres de la voiture ne vont pas empêcher le signal bluetooth de fonctionner, c’est un environnement plutôt perméable. En revanche, il faudrait que les deux personnes, qui ont l’application, restent à l’arrêt, à moins d’un mètre, pendant plus de 15 minutes."
La situation n’a pas été essayée par l’Institut qui a "testé le système dans le métro, dans des environnements ouverts et fermés et avec des charges métalliques lourdes, qui pourraient bloquer le signal". Ces tests ont donc été réalisés davantage pour s’assurer que le bluetooth soit résistant, et non l’inverse. Être considéré comme cas à risque à travers les parois d’une voiture, si c’est techniquement possible, relèverait plutôt de l’exceptionnel.
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