L'Argentine, épargnée jusqu'à présent, entame un reconfinement face à la poussée du coronavirus
Jusqu’à présent ce pays d'Amérique du Sud s’en tirait relativement bien mais la situation se dégrade. Conséquence, le confinement sera à nouveau durci à partir du 1er juillet.
La situation est particulièrement préoccupante dans la capitale Buenos Aires et toute son agglomération qui compte 14 millions d’habitants, quasiment un Argentin sur trois. La région concentre en effet 90% des cas de contamination dans le pays, avec plus de 2 000 nouveaux cas par jour. Et le nombre de morts augmente régulièrement depuis deux semaines, entre 35 et 40 morts par jour désormais.
Du coup, jeudi 25 juin au soir, le président argentin Alberto Fernandez s’est réuni en urgence avec le maire de la ville et le gouverneur de la Province. Après trois heures de discussion, ils ont annoncé un durcissement très net des mesures à partir de mercredi prochain, 1er juillet. Alors que dans le plan initial, c’était exactement l’inverse : les mesures devaient s’assouplir à partir du lundi 29 juin.
Concrètement, dans toute l’agglomération de Buenos Aires, seuls les commerces essentiels vont pouvoir rester ouvert : les alimentations, les banques. Tous les autres, soit plus de 70 000, vont devoir fermer pour au moins 15 jours. Les déplacements vont être limités, les transports en commun réservés aux "professions indispensables" : 54 métiers prioritaires ont été recensés. Les contrôles par la police vont être renforcés. Il sera aussi interdit désormais de faire son jogging et les enfants ne pourront sortir que le week-end.
L'un des confinements les plus longs au monde
Pourtant la situation semblait plutôt sous contrôle en Argentine, au moins jusqu’à début juin, avec un nombre de décès relativement faible : 1 150 morts jusqu’à présent, c’est beaucoup moins que dans les grands pays voisins, le Chili, le Pérou, et bien sûr le Brésil. L’Argentine a mis en place le confinement assez tôt, le 20 mars, alors que le virus était à peine présent là-bas. C’est d’ores et déjà l’un des confinements les plus longs au monde. Au début, les mesures ont été drastiques, au risque de mettre en péril des centaines de milliers d’emplois et les liaisons aériennes ont été totalement arrêtées. Les vols commerciaux ne reprendront pas avant le 1er septembre.
Alors que s’est-il passé ? La situation a commencé à se dégrader début juin. On peut avancer deux explications. D’une part un relâchement des mesures de distanciation, en particulier dans les transports en commun, d’autant que le confinement avait été progressivement assoupli. Et d’autre part, même si on a aucune certitude scientifique sur le sujet, un impact saisonnier : c’est l’hiver en Argentine, comme dans tout l’hémisphère sud. Il fait cinq degrés cet après-midi à Buenos Aires.
Le continent sud-américain désormais le plus touché
Cette dégradation, y compris dans un pays jusqu’à présent épargné, est révélatrice de la situation inquiétante dans toute l’Amérique du Sud : le continent est en train de devenir la partie du monde la plus touchée. En un mois, le nombre de contaminations a triplé, atteignant désormais deux millions de personnes. Et le nombre de décès a franchi la barre des 100 000 le 25 juin. Le Brésil est évidemment le plus durement frappé, 55 000 morts (et encore ça c’est le chiffre officiel, la réalité est sans doute très au-dessus). Mais la situation se détériore aussi au Pérou (9000 morts) et au Chili (près de 5000 morts).
Les dernières estimations des épidémiologies avancent l’hypothèse de 400 000 décès en Amérique Latine (donc Amérique du Sud + Amérique Centrale), d’ici à la fin de l’hiver austral, en octobre. À titre de comparaison, en Europe aujourd’hui on comptabilise un peu moins de 200 000 dècés, soit 2 fois moins.
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