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"L'industrie musicale, on la laisse mourir" : au Royaume-Uni, les musiciens, durement touchés par la crise du Covid-19, s'estiment abandonnés

Un musicien freelance bénéficie de 400 euros par mois environ pour tenir malgré l'annulation des concerts. Une aide jugée insuffisante par le principal syndicat qui affirme que d'autres secteurs comme le tourisme sont bien mieux aidés.

Article rédigé par franceinfo, Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des musicens ont donné un très court concert devant le parlement britannique à Londres pour alerter sur leur situation économique, le mardi 6 octobre 2020. (HASAN ESEN / ANADOLU AGENCY)

Quatre cents musiciens vêtus de noir, masques rouges sur le visage. C'est l'image saisissante et fugace que l'on a pu voir à Londres, mardi 6 octobre, devant le Parlement britannique. Un concert d'une minute et trente secondes : la police n'avait pas autorisé plus pour éviter un rassemblement favorisant la propagation du Covid-19C'est le syndicat des musiciens indépendants qui est à l'origine de cette manifestation éclair. Horace Trubridge, le secrétaire général de cette organisation qui représente plus de 32 000 professionnels, juge les aides de l'État insuffisantes.

Des artistes devenus caissiers ou livreurs

Un musicien freelance bénéficie de 400 euros par mois environ. Dans ces conditions, ils sont nombreux à avoir lâché les instruments pour devenir livreur ou caissier. "Avec les négociations sur le Brexit, on entend beaucoup parler de la pêche et la pêche au Royaume-Uni, c'est moins de deux milliards de livres [environ deux milliards d'euros] pour notre économie, affirme Horace Trubridge. L'Industrie musicale, c'est cinq milliards et demi de livres.On entend parler tout le temps des professionnels du tourisme, des restaurants, des compagnies aériennes. Tous ces gens ont reçu des fonds de soutien, des fonds importants. Et l'industrie musicale, on la laisse mourir. " 

Le syndicat des musiciens propose de rouvrir les salles de concert, même les plus petites, en ne remplissant qu'un tiers de la capacité totale. L'Etat paierait un tiers manquant, le dernier tiers resterait vide. Pour l'heure, pas de réponse. 

Sans musicien, pas de musique

Au mois de janvier dernier, la chanteuse londonienne Eliza Chaddad chantait à l'Olympia. Et puis, l'épidémie de Covid-19 s'est répandue dans toute l'Europe et tout s'est arrêté. Tous les concerts ont été annulés. La voilà enfermée chez elle à écrire, avec des revenus qui ont nettement diminué. "C'est dur de savoir comment ce sera après le coronavirus parce que toute l'équipe de musiciens avec qui je travaille est en difficulté."

J'ai mis dix ans à créer ce groupe de gens incroyablement talentueux. Et tout cela est anéanti.

Eliza Shaddad, musicienne londonienne

à franceinfo

"Je peux faire de la musique sans argent. Ce n'est pas un problème, mais sans musicien, c'est impossible. Je ne sais pas ce qui va se passer", confie la chanteuse britannique.

Eliza Shaddad ne se plaint pas. En début d'année, elle a épousé un producteur. Enfermés chez eux, ils créent un album, inspirés par cette période si particulière. 

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