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"La charge augmente et elle est préoccupante" : à Paris, l'hôpital Lariboisière redoute la saturation de son service de réanimation

L'établissement du nord de la capitale peut encore accueillir des malades du Covid-19 et ouvrir des lits mais c'est le personnel qui manque. Les médecins ne veulent surtout pas, comme lors de la première vague, délaisser d'autres pathologies très graves.

Article rédigé par franceinfo, Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le service de soins intensifs de l'hôpital Lariboisière à Paris (10e arrondissement), en avril 2020. (JOEL SAGET / AFP)

Le service de réanimation de l'hôpital Lariboisière à Paris (10e arrrondissement) accueille, jeudi 1er octobre, 15 patients Covid, soit 40% des lits. Un chiffre en augmentation douce, mais continue. Alors que la situation de l'épidémie de Covid-19 s'aggrave en Île-de-France, elle est encore gérable pour les équipes du professeur Étienne Gayat : "On n'est pas en saturation. Il y a encore possibilité d'accueillir des patients, mais on voit bien que cette charge augmente et qu'elle est préoccupante."

Il est encore possible d'ouvrir des lits. Matériellement, c'est faisable, mais ce sont les bras qui ne sont pas suffisamment nombreux. "Aujourd'hui, la ressource qui manque le plus pour prendre en charge les patients, ce sont les personnels infirmiers, aides-soignants", s'inquiète le docteur Gayat. Et les renforts venus d'autres régions il y a six mois, pendant la première vague, sont désormais très occupés dans leurs hôpitaux. 

>> Covid-19 : les hôpitaux de Paris vont devoir déprogrammer des interventions chirurgicales

À l'hôpital Lariboisière, il n'y a pas encore de déprogrammation massive d'opérations. On continue d'accueillir les patients qui souffrent d'autres pathologies que le Covid. Ça n'avait pas été le cas pendant la première vague, raconte le docteur Eric Revue, chef du service des urgences. "C'était dangereux pour ceux qui pouvaient souffrir d'infarctus, d'AVC, et on rajoutait à cela des pathologies psychiatriques. Il y en a qui se sont jetés par la fenêtre. On a eu beaucoup de défenestrés. On a beaucoup de tentatives de suicide", témoigne le médecin.

On a eu des gens qui ont été en rupture de traitement et qui sont arrivés avec des pathologies encore plus graves. On ne veut pas reproduire ça.

Eric Revue, chef des urgences

à franceinfo

La porte de l'hôpital est ouverte à tous. Et pour cela, il a fallu réorganiser le circuit des malades. "Au mois de mars, on avait quasiment du 100% Covid à l'hôpital. Là, ce n'est pas du 100%, c'est entre 1 et 10% des patients qui viennent. Ça dépend des jours. C'est pour ça que c'est difficile à modéliser", explique Eric Revue.

"Ce sont des patients âgés, parfois de 90 ans, qui viennent avec du Covid. Ils sont séparés et identifiés dès le départ, c'est à dire qu'il y a une zone de triage. Dans un service d'urgences, ce n'est pas beau, ce mot, mais on fait du tri. On trie les patients les plus graves, mais on trie également les patients qui sont suspects de Covid parce que ce n'est pas marqué sur votre front", indique le chef des urgences.

Et à la question faut-il fermer les bars et les restaurants à Paris, les deux médecins répondent oui, si cela peut éviter la saturation prochaine des hôpitaux. 

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