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Le baril de pétrole américain ne vaut plus rien, faute de stockage aux Etats-Unis

Les cours du baril de pétrole américain, le WTI, sont tombés en territoire négatif, du jamais vu, entre des réserves mondiales qui arrivent à saturation et une demande anéantie par la pandémie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un puits de pétrole, à Signal Hill, en Californie, le 9 mars 2020. (DAVID MCNEW / AFP)

Une chute historique à la fin d'une séance infernale. La valeur du baril de pétrole coté à New York West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mai a chuté, lundi 20 avril, en-dessous de zéro, les investisseurs cherchant désespérément à se débarrasser de certains barils dans un marché saturé. Un phénomène qui est venu se combiner avec la chute brutale de la demande à cause de la paralysie économique provoquée par la pandémie de coronavirus. C'est "sans précédent" et "complètement irréel", remarque Louise Dickson, spécialiste du marché pétrolier pour le cabinet Rystad Energy.

Le contrat de WTI pour livraison en mai expirant mardi à la clôture, ceux qui en détiennent doivent en effet trouver au plus vite des acheteurs physiques. Mais comme les stocks ont déjà énormément gonflé aux Etats-Unis ces dernières semaines, ils ont été contraints non seulement de brader leurs prix pour les convaincre de se saisir de leurs barils, mais de les rémunérer pour le faire.

Le baril de Brent de la mer du Nord moins affecté

Le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York, qui s'échangeait encore à 60 dollars en début d'année et à 18,27 dollars vendredi soir, a finalement terminé à -37,63 dollars après un plongeon épique, jamais vu sur le marché pétrolier. Le baril de WTI n'était jamais tombé en dessous de 10 dollars depuis la création de ce contrat en 1983. La situation devrait toutefois s'améliorer dans les jours à venir, estiment plusieurs analystes.

Le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne cotée à Londres, a été aussi beaucoup moins affecté puisqu'il n'a cédé que 9%, pour terminer à 25,57 dollars. Reste que le marché du pétrole s'effondre depuis plusieurs semaines alors que les restrictions de déplacements dans de nombreux pays et la paralysie de nombreuses économies à cause de la crise du coronavirus ont fait fondre la demande. Et les investisseurs s'attendent à pire encore puisqu'une profonde récession s'annonce dans le monde.

Un "marché enclavé" aux Etats-Unis

Selon l'Agence américaine de l'information sur l'énergie, les stocks de brut ne cessent d'augmenter depuis mi-janvier aux Etats-Unis et ils ont gonflé de 75 millions de barils au total pour atteindre plus de 500 millions de barils, ajoutant aux malheurs d'un marché qui débordait déjà d'or noir avant la pandémie de Covid-19.

"Les courtiers ont englouti des barils pas chers et rempli les espaces de stockage", remarque Louise Dickson. A Cushing dans l'Oklahoma en particulier, où sont stockés les barils servant de référence au WTI, les réserves ont bondi de 48% depuis fin février pour atteindre 55 millions de barils et "il n'y reste de la place que pour environ 21 millions de barils", souligne-t-elle. "Les Etats-Unis, en tant que marché enclavé, ont les plus importants problèmes de stockage", a renchéri Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group.

En réaction, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient profiter de la chute historique des prix du pétrole pour acheter 75 millions de barils. "Nous remplissons notre réserve stratégique de pétrole (...) et nous pensons mettre jusqu'à 75 millions de barils dans les réserves elle-mêmes, ce qui les remplirait", a dit le président lors de son point de presse quotidien consacré à la pandémie de Covid-19.

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