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Le billet sciences. Un médicament contre les brûlures d'estomac testée contre le Covid-19 dans les hôpitaux de New York

Le Pepcid, à base de famotidine et en vente libre dans de nombreux pays, pourrait servir à ralentir les effets d’un coronavirus. Il fait aujourd’hui l’objet d’un essai clinique dans 23 hôpitaux de New York.

 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des boîtes de Famotidine. Le médicament contre les brûlures d'estomac Pepcid est actuellement testé par des hôpitaux de New York comme traitement contre le Covid-19. (PAUL HENNESSY / NURPHOTO)

C'est un essai qui suscite espoir mais aussi inquiétude de la part des chercheurs. Le Pepcid, le médicament grand public contre les brûlures d'estomac, est testé contre le Covid-19 aux États-UnisIl fait partie des nombreuses substances existantes que les médecins testent pour voir si elles peuvent avoir un effet sur la maladie et ses multiples symptômes.

Cela semble plutôt surprenant qu’un médicament contre les maux de ventre, bon marché, comme le Pepcid, en vente libre dans de nombreux pays, puisse servir à ralentir les effets d’un coronavirus qui, lui, pose des problèmes respiratoires aigus. Pourtant, il fait aujourd’hui l’objet d’un essai clinique dans 23 hôpitaux de New York.

Une modélisation prometteuse de la famotidine

Ce médicament, comme d'autres, contient de la famotidine : un antihistaminique qui empêche la sécrétion d’acide gastrique dans l’estomac. Une substance qui parvient, selon des modélisations faite par le laboratoire américain Alchem, à s’allier au virus et à le ralentir.

Cette recherche prometteuse a été lancée parce que Michael Callahan, spécialiste des maladies infectieuses américain, a eu une intuition. Le médecin était en Chine en janvier dernier pour ses travaux de recherche sur la grippe aviaire, et il a prêté main forte à ses collègues à Wuhan. En étudiant le dossier de 6 200 patients souffrant de maux d’estomac, il a repéré que ceux qui prenaient du Pepcid avait un meilleur taux de survie face au Covid-19 que ceux qui prenaient d’autres médicaments. Cette intuition ne suffit pas. C'est pour cette raison qu'un essai clinique a été lancé avec, déjà, 200 patients à qui l’on injecte par intraveineuse de hautes doses de famotidine.

Un test jusque-là secret

Mais Kevin Tracey, le responsable de cette recherche aux hôpitaux de New York, aurait bien aimé qu’elle reste secrète, attendre la publication de l’étude dans la revue scientifique à comité de lecture pour voir s’il doit reprendre son protocole. S’il prend la parole aujourd’hui dans le magazine Science, c’est pour alerter sur le danger de l’automédication.

Le médecin veut absolument éviter ce qui se passe avec la chloroquine. Il craint la rupture de stock et la montée des prix sur le Pepcid, mais aussi l'effet sur la recherche. Comment voir clairement les effets d’autres substances pour les médecins, quand les patients ne veulent plus tester que l'antipaludique vanté par Donald Trump ou le docteur Didier Raoult ? Un inconvénient majeur pour lui de la science en direct.

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