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Le déconfinement : Mathilde est épuisée et n'arrive plus à se lever, elle ne se sent pas capable de reprendre son travail

Les internautes et les auditeurs sont nombreux à se poser des questions sur les conditions de leur déconfinement. Aujourd'hui la psychanalyste Claude Halmos répond à la question de Mathilde qui a peur de faire une dépression. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Beaucoup de gens ont peur de reprendre leur travail, comme Mathilde et ont peur de faire une dépression. (Illustration) (MAXPPP)

Aujourd'hui vendredi 8 mai, Mathilde nous écrit et nous dit : "Je suis épuisée, alors que je ne fais pas grand-chose dans la journée. Je n’arrive plus à me lever le matin. Même me nourrir est une corvée. Je ne me sens pas capable de reprendre mon travail (je suis commerciale). J’ai peur de faire une dépression".  

franceinfo : que peut-on répondre pour aider Mathilde, Claude ? 

Claude Halmos, psychanalyste : Je pense que Mathilde n’est pas fatiguée comme on l’est, dans la vie normale, parce que l’on a fait trop de choses. Mais qu’elle l'est, au contraire, parce qu’elle n’en fait pas assez. Son besoin excessif de sommeil manifeste certainement une baisse de son énergie vitale, c’est-à-dire de son désir de vivre. Et cette baisse me semble, étant donné ce qu’elle nous dit de ses journées, normale.  

Parce que le désir de vivre ne peut pas vivre de rien. Il a besoin, comme le corps, d’être nourri. Et l’une de ses nourritures préférées, c’est le plaisir. Le plaisir sous toutes ses formes. Le plaisir sexuel, bien sûr. Mais aussi celui que l’on prend, tous les jours, à faire des choses, à voir des gens, à imaginer des projets, à manger des aliments que l’on aime, etc…

Et, bien sûr, dans des périodes comme celles que nous vivons où, du fait de la pandémie, nous sommes privés de certaines activités, de certaines rencontres, et où tous nos projets sont en suspens, notre désir de vivre manque singulièrement d’aliments. Donc il faut absolument veiller à lui en donner.    

De quelle façon ? 

En se faisant, pour chaque journée, un programme. Avec des activités, des échanges avec d’autres. En s’accordant des petits plaisirs qui font du bien : il ne s’agit pas de se gaver de chocolat mais, si on aime cela, ce n’est pas le moment de s’en priver complètement. Et puis il faut absolument se donner des moments d’activités physiques. Parce que notre envie de vivre ne dépend pas seulement de notre tête, elle dépend aussi de notre corps.

Si Mathilde fait tout cela, elle va très vite remonter la pente et aller mieux. La dépression n’est pas une maladie qui vous tombe dessus, par hasard, un beau matin, comme un brigand au coin d’un bois.. La dépression ne vient jamais quand elle voit que la vie est belle. Et nous avons tous le pouvoir d’embellir nos vies.

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