"Les producteurs de pommes de terre sont en crise" et réclament une aide urgente de l'État, alerte l'Union nationale des producteurs
Ils demandent notamment que, suivant l'exemple des Hollandais, l'État mette en relation les producteurs et les éleveurs pour que les pommes de terre soient utilisées pour l'alimentation animale.
"Les producteurs de pommes de terre sont en crise, entre 300 et 350 000 tonnes de pommes de terre n'ont pas de débouché", a déclaré dimanche 17 mai sur franceinfo Antoine Peenaert, producteur dans le Pas-de-Calais et vice-président de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Il demande que "l'État français prenne ses responsabilités" pour favoriser la transformation des pommes de terre pour l'alimentation animale. La filière réclame également une aide urgente "de 50 euros de la tonne", car "au mois de juillet il sera trop tard".
franceinfo : Est-ce que les producteurs de pommes de terre dont vous faites partie sont en crise aujourd'hui ?
Antoine Peenaert : Les producteurs de pommes de terre de France sont en crise, à la suite du confinement.
Les 70 000 tonnes de pommes de terre que consomment les industries agroalimentaires pour faire des frites surgelées pour les fast-food, la restauration collective sont quasiment à l'arrêt.
Antoine Peenaert, vice-président de l'Union nationale des producteurs de pommes de terreà franceinfo
Et donc, une semaine après le confinement, on a eu un arrêt, voire une très grosse réduction de prise de pommes de terre dans les bâtiments des producteurs de France. On est entre 300 000 et 350 000 tonnes de pommes de terre qui n'ont pas de débouché.
La reprise progressive des cantines scolaires peut-elle contribuer à améliorer les choses ?
Je ne pense pas, on a perdu énormément de temps. Nous souhaitions que l'État français fasse du stockage privé pour stocker les pommes de terre pendant que les usines travaillaient toujours pour les rediluer les années suivantes. Mais ça n'a pas été fait. Donc maintenant, on demande que l'État français prenne ses responsabilités comme les Hollandais ont pris leurs responsabilités, en aidant la filière à mettre en relation les producteurs et les éleveurs pour dire de faire partir des pommes de terre pour l'alimentation animale. On estime qu'il y a 150 millions d'euros de perdus pour la filière pommes de terre. Là, on demande seulement une aide de 50 euros de la tonne pour réduire les coûts d'approche entre les régions où il y a des producteurs qui ont des bâtiments pleins afin de les mettre à disposition d'éleveurs qui manquent de nourriture à cause de la sécheresse. En Hollande, il y a déjà eu une aide de 50 euros la tonne, donnée il y a déjà trois semaines. L'État français n'entend pas encore. Ils disent : "On va trouver une solution", mais la solution, il faudrait la trouver le plus vite possible parce qu'après les pommes de terre n'auront plus une qualité organoleptique bonne pour l'alimentation animale ou d'autres débouchés. Le problème, c'est qu'une pomme de terre peut encore se conserver trois semaines, un mois, mais au mois de juillet il sera trop tard.
Si l'État français ne joue pas le jeu de donner un coup de main maintenant, on sera peut-être obligés, au mois d'août, d'aller les baller devant les sous-préfectures.
Antoine Peenaert
Est-ce que des exploitations pourraient ne pas survivre et des emplois sont menacés ?
Oui, il y a des exploitations qui risquent de ne pas se relever, si on ne trouve pas une solution pour écouler ces pommes de terre. Lorsque vous voyez sur les réseaux sociaux toutes les ventes à la ferme, les producteurs qui prennent panique parce qu'il reste des pommes de terre dans leurs bâtiments, vous avez un peu l'état d'esprit de la filière.
Est-ce que, comme les Belges, vous demandez aussi aux Français de manger plus de patates ou plus de frites pour vous aider ?
Moi, je suis quand même dans la région des Hauts-de-France, donc j'encourage les gens à manger des frites ! Par contre, sur le marché du frais, nous avons la primeur française qui va arriver d'ici trois semaines. Donc j'encourage aussi les consommateurs à manger la primeur française.
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