Cet article date de plus de quatre ans.

Les masques chirurgicaux sont lavables et réutilisables dix fois, selon une étude d'UFC-Que Choisir

L'association de consommateurs a testé trois modèles achetés en grandes surfaces. Lavés à 60°C, puis passés au sèche-linge, puis repassés, ils conservent leur capacité de filtration.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ne jetez plus vos masques ! Ils passent en machine, assure l'UFC Que Choisir. (ROMAIN AMBRO / FRANCE-BLEU NATIONAL)

"Bonne nouvelle pour le porte-monnaie et la planète", annonce sur son site l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, les masques chirurgicaux "conservent de très bonnes capacités de filtration après 10 lavages en machine à 60°C". Philippe Vroman, enseignant-chercheur au laboratoire de recherche textile Gemtex de l'École nationale supérieure des Arts et industries textiles de Roubaix, le soutenait déjà en septembre, l'UFC-Que Choisir l'a vérifié.

Ces masques, normalement destinés à être jetés après quatre heures d'utilisation ou dès qu'ils sont humides, restent en fin de compte, même après plusieurs cycles en machine, "bien au-dessus des exigences minimales des masques en tissus" certifiés Afnor, constate l'association de consommateurs.

Une infographie de l'UFC Que Choisir sur les tests de lavage de masques chirurgicaux et de masques en tissu. (UFC-QUE CHOISIR)

Pour parvenir à ces conclusions, des tests ont été réalisés sur "trois modèles, achetés en grandes surfaces et en parapharmacie" et sur deux modèles en tissu "répondant aux exigences Afnor". Deux des trois lots de masques chirurgicaux correspondent à la norme EN14683 type 1. Chaque masque a été lavé à 60°C puis passé au sèche-linge et repassé au fer à faible température. Sur le critère de la filtration, les trois modèles "se sont maintenus à un niveau suffisant pour un usage grand public", indique l'association.

Pour faire barrière aux particules et aux virus, les masques chirurgicaux lavés sont "plus performants que les masques en tissu portant la garantie Afnor-DGA". Pour l'autre critère étudié par ce test, celui de la respirabilité, les masques jetables passés en machine s'approchent suffisamment du confort des modèles en tissus pour "un usage confortable lors d'activités calmes". Deux modèles sur trois se situent "très au-delà du minimum requis", indique l'UFC-Que Choisir. "Tous les critères sont réunis pour pouvoir les réutiliser jusqu'à 10 lavages", assure Anne-Sophie Stamane, interrogée par France Inter.

À l'issue du test que nous avons réalisé, les masques étaient tout à fait intègres. Les élastiques tiennent le coup.

Anne-Sophie Stamane, journaliste santé à "Que Choisir"

à France Inter

Certains médecins militent depuis le printemps pour la réutilisation des masques, comme le professeur Daniel Garin, médecin du travail, qui note toutefois que le lavage des masques jetables en milieu hospitalier est compliqué : "Les lavages permettent d'éliminer que les virus de type SARS-CoV-2, mais pas certaines bactéries. Par contre, le médecin qui lave ses masques peut les réutiliser sans problème. Personnellement, je le fais depuis le mois de mars." En septembre, l'Académie de médecine restait prudente sur le lavage des masques chirurgicaux et disait qu'elle ne le conseillerait pas "tant qu'on n'a pas d'essais validés".

Des "difficultés" relève la société française d'Hygiène Hospitalière

Outre l'aspect écologique, le lavage des masques chirurgicaux en polypropène permettrait aussi de faire des économies. "Même si le prix des masques a tendance à diminuer depuis le début de la crise, il est toujours très supérieur à celui qui était pratiqué avant cette gigantesque crise sanitaire, rappelle Franck Attia, rédacteur en chef de la revue UFC-Que Choisir, sur franceinfo. Malgré cette baisse des prix, cela reste un budget considérable. Les masques chirurgicaux doivent être utilisés maximum quatre heures : imaginez la somme que cela peut représenter pour un foyer avec plusieurs enfants. D'un point de vue économique, on peut faire de substantielles économies en utilisant à peu près dix fois son masque."

Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste, président de la Société française d’Hygiène Hospitalière relève "une difficulté" sur ce que révèlent les tests de l'association de consommateurs. UFC-Que Choisir "a travaillé sur quelques modèles de masques. Et les fabricants de ces masques s'engagent uniquement pour un masque à usage unique". Il faudrait, dit-il, que ces tests "soient faits sur l'ensemble des masques et que les fabricants s'engagent à garantir une intégrité et les mêmes résultats que cette étude pour l'ensemble des masques."

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.