Mayenne, Bretagne, Ile-de-France... Ces zones où les indicateurs d'une reprise de l'épidémie de Covid-19 sont surveillés de près
Plusieurs villes, départements ou régions inquiètent les autorités sanitaires, qui scrutent les signes d'une possible résurgence du coronavirus en France.
Le seuil d'alerte franchi en Mayenne, une "évolution inquiétante" en Nouvelle-Aquitaine, des "signaux faibles de reprise" en Ile-de-France... La circulation du coronavirus "tend à progresser" en France, selon le dernier point hebdomadaire de Santé publique France, daté du lundi 13 juillet.
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Le taux de reproduction du virus, le "R0", qui permet de mesurer combien de personnes sont contaminées en moyenne par un seul malade, repart à la hausse dans plusieurs territoires français. Cette progression peut être "concomitante d'une augmentation du nombre de tests RT-PCR réalisés", souligne Santé publique France, mais elle "n'en indique pas moins une transmission qui permet au virus de se maintenir, voire de progresser". Contrairement à la Guyane et Mayotte, deux départements d'outre-mer toujours frappés par la première vague, ce sont désormais les signes d'une éventuelle résurgence de l'épidémie dans le pays qui sont traqués par les autorités sanitaires. Franceinfo fait le point sur ces zones qui inquiètent.
La Mayenne
Que disent les indicateurs ? "La situation en Mayenne est préoccupante", a estimé Olivier Véran, jeudi. Dans le département, le nombre de cas positifs a été multiplié par quatre depuis le 25 juin. Si bien que Santé publique France a classé, mercredi, la Mayenne parmi les départements en situation de "vulnérabilité élevée", comme Mayotte et la Guyane. Sept foyers épidémiques sont par ailleurs en cours d'investigation, dans trois communes, dont Laval, a détaillé à franceinfo Benoît James, directeur de crise Covid-19 à l'Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire.
"Le taux de reproduction, qui d'ailleurs au niveau national est désormais légèrement au-dessus de 1 (1,2), est en Pays de la Loire à 1,5", a précisé le directeur général de l'ARS, lors d'une conférence de presse. Ce qui signifie que dix personnes infectées en contaminent quinze autres. Au 12 juillet, le taux d'incidence, c'est-à-dire le nombre de personnes nouvellement contaminées, y était de 52,72 nouveaux cas pour 100 000 habitants détectés en sept jours, selon le suivi quotidien de l'épidémie du site du gouvernement. C'est légèrement plus que le seuil d'alerte, fixé à 50. Le taux de positivité des tests est classé en orange, avec 5,6% de tests positifs, contre 1,1% à l'échelle nationale.
Des mesures ont-elles été prises ? Une campagne de dépistage massive de la population âgée de plus de 10 ans, soit 300 000 personnes, a été lancée lundi dans le département, avec un rythme de près de 1 200 tests par jour. Alors que le port du masque sera obligatoire partout en France dans les lieux publics clos dès la semaine prochaine, cette mesure est déjà en vigueur depuis jeudi dans six communes du département.
La Nouvelle-Aquitaine
Que disent les indicateurs ? Dans cette région jusqu'ici plutôt épargnée, la propagation du coronavirus marque désormais "une évolution inquiétante", met en garde l'ARS dans un communiqué, publié jeudi. Le taux de reproduction du virus y est de 1,4. Dix clusters sont en cours d'investigation dans la région. L'évolution des indicateurs (nombre de cas positifs, nouveaux clusters...) est notamment défavorable dans le département de la Gironde, désormais classée en situation de "vulnérabilité modérée" par Santé publique France. Ces cas sont en partie liés au "manque d'application des gestes barrières", souligne l'agence sanitaire, relevant que "la saison propice aux retrouvailles familiales et aux festivités diverses présente un contexte favorable à une reprise active de la circulation du virus en Nouvelle-Aquitaine, région, de surcroît, très touristique". Dans l'ensemble des départements de la région, le taux de positivité des tests reste bien en dessous du seuil de vigilance, fixé à 5%.
Des mesures ont-elles été prises ? L'Agence régionale de santé a lancé une campagne de dépistage du Covid-19 sur les lieux touristiques de Corrèze, qui devrait débuter le 29 juillet, rapporte La Montagne. A l'échelle régionale, l'agence a par ailleurs appelé la population "à se ressaisir et à appliquer rigoureusement les gestes barrières".
La Bretagne
Que disent les indicateurs ? C'est en Bretagne que le taux de reproduction du virus est le plus haut, à 2,62. Concrètement, dix malades du Covid-19 contaminent 26 personnes. Entre le 10 et le 15 juillet, 110 nouvelles infections ont été recensées, alors que les indicateurs suivis quotidiennement étaient jusqu'ici relativement stables dans la région. Sur cette période, la hausse est notamment marquée dans les départements du Finistère (+ 48 cas) et de l'Ille-et-Vilaine (+ 30 cas), rapporte France 3 Bretagne. Toutefois, le taux de positivité des tests virologiques reste classé vert, avec des données comprises entre 0,28% (Morbihan) et 1,7% (Finistère), au 12 juillet.
Des mesures ont-elles été prises ? Dans le Finistère, le port du masque est obligatoire depuis vendredi sur les marchés de 25 communes et dans les lieux clos situés sur les îles, rapporte France 3 Bretagne.
L'Ile-de-France
Que disent les indicateurs ? En Ile-de-France, la plupart des indicateurs restent au vert. Le taux d'incidence, le taux de positivité des tests et les capacités en réanimation sont en dessous des seuils des vigilance. Seule la Seine-Saint-Denis est en orange, avec un taux d'incidence à 10,1 pour 100 000 habitants. Si "tous les chiffres sont bas", "l'activité épidémique augmente et le risque est beaucoup plus élevé qu'il y a quelques semaines", a mis en garde Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARS Ile-de-France, dans Le Parisien. Ces derniers jours, plusieurs hôpitaux parisiens ont constaté "des signaux faibles de reprise" de l'épidémie, a averti le ministre de la Santé, Olivier Véran, jeudi, sur France Inter. "Depuis fin juin-début juillet, on voit réapparaître des malades. Tous les jours, on a des nouveaux malades", a ajouté Eric Caumes, chef des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, vendredi sur BFMTV. Pour l'instant, le R0, estimé à 1,1 à l'échelle de la région, reste légèrement en dessous de la moyenne nationale (1,2).
Des mesures ont-elles été prises ? Dès le 25 juin, Olivier Véran a annoncé qu'"une campagne" de dépistage "de grande ampleur" allait être lancée en Ile-de-France, pour détecter les éventuels clusters dormants. La multiplication de ces dépistages peut d'ailleurs en partie expliquer la légère remontée du taux d'incidence, notamment en Seine-Saint-Denis, où des tests ont été menés à Saint-Ouen, après la détection d'un cluster dans une école, rappelle le directeur de l'ARS Ile-de-France.
Marseille et sa région
Que disent les indicateurs ? Certains médecins marseillais ont alerté ces derniers jours sur une recrudescence des cas de Covid-19 dans la ville des Bouches-du-Rhône. Annie Levy-Mozziconacci, médecin généticienne à l'hôpital Nord de Marseille constate ainsi "un petit frémissement de l'augmentation des cas sur l'ensemble du territoire marseillais", a-t-elle expliqué sur BFMTV, mercredi. Une recrudescence tempérée par les autorités sanitaires. Pour l'instant, "les indicateurs épidémiologiques de circulation du virus sont en baisse ou se maintiennent à des niveaux bas en Provence-Alpes-Côte d'Azur", assure l'ARS dans son dernier point de situation hebdomadaire, publié mercredi. Toutefois, le taux de reproduction du virus est désormais estimé à 1,6, au-dessus du seuil d'alerte fixé en 1,5.
Des mesures ont-elles été prises ? La préfecture, l'ARS et la mairie de Marseille vont mettre en place plusieurs dispositifs pour poursuivre la lutte contre le coronavirus à Marseille, rapporte le média local Marsactu. Une augmentation des campagnes de dépistage est aussi annoncée, ainsi qu'une mise à disposition d'hébergements pour isoler les cas positifs et contacts.
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