Patients paniqués, manque de masques... : dans les zones touchées par le coronavirus, les médecins généralistes désœuvrés
Alors que l’épidémie de Covid-19 semble gagner l’Hexagone, les médecins généralistes des zones infectées confient leurs craintes.
"Oui bonjour ? Je cherche à joindre le Dr Patrick Vogt..." "Ah c’est moi ! Je suis disponible… et vous avez de la chance, je suis tout seul dans mon cabinet ! C’est rarissime…" Le cabinet de Patrick Vogt, médecin généraliste à Mulhouse dans le Haut-Rhin, est désert. La ville est l'un des foyers du coronavirus, avec plusieurs cas repérés après un rassemblement évangélique en février. Mais en pleine épidémie, Patrick Vogt semble désœuvré. La psychose est passée par là, et ses patients sont "terrorisés" : "C’est la fin du monde, on dirait !", s’amuse le médecin.
Dans son cabinet, il se lave les mains, possède un petit stock de gel hydroalcoolique, mais attend toujours le paquet de cinquante masques qu’on lui a promis. En attendant, il réalise ses consultations sans protection. "J’ai vu des dizaines et des dizaines de gens qui toussent et qui crachent depuis quinze jours, confie le Dr Vogt. J’ai eu moi-même un petit épisode fébrile : j’ai toussé un peu, j’ai eu mal au ventre. J’ai été en contact avec le virus !" Le Dr Vogt n’a pas été testé : "Il est trop tard, maintenant", soupire le praticien.
Deux boîtes de cinquante masques par médecin
Le téléphone sonne, nous laissons Patrick Vogt à ses patients. Pendant ce temps dans le Morbihan, à Crac'h, 3 400 habitants, une zone particulièrement touchée par le virus, Isabelle Ezanno médecin généraliste elle aussi multiplie les mesures de précautions : enlever les jouets et les magazines de la salle d’attente, porter un masque. Et privilégier la téléconsultation : "Je ne le faisais quasiment jamais, confie le Dr Ezanno. J’en fais en ce moment une quinzaine par jour sur une trentaine de patients."
Mais la crainte d'Isabelle Ezanno, c'est le manque de masque, elle en a bien reçu en début de semaine : deux boîtes de cinquante masques par médecin. Mais ce ne sera pas suffisant pour faire face aux besoins des médecins et des patients, qui eux ne manquent pas à Crac’h.
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