Cet article date de plus de quatre ans.

Personnel d'un Ehpad du Rhône confiné avec les résidents : aucun mort du coronavirus, cela montre que "notre décision n'est pas trop mauvaise"

Plus de 3 200 morts ont déjà été recensés dans les Ehpad en France à cause du coronavirus. Dans certains établissements, le personnel vit parfois confiné avec ses résidents. C'est le cas notamment de l'Ehpad Vilanova de Corbas, dans le Rhône.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un résident d'Ehpad en discussion avec une infirmière (illustration).

 (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

L'équipede l'Ehpad Vilanova de Corbas (Rhône) en est au 23e jour de confinement. Depuis le 10 mars, des matelas ont été installés pour que le personnel dorme sur place. "L'équipe tient le coup, les résidents vont bien", a assuré jeudi 9 avril sur franceinfo Valérie Martin, la directrice de l'Ehpad Vilanova de Corbas (Rhône).

>> Suivez la situation sur l'épidémie de coronavirus et le confinement dans notre direct 

"Les 23 jours ont été merveilleux, mais on ne remplace absolument pas le lien familial", souligne la directrice. "On sent une certaine souffrance. Rien ne vaut une caresse, rien ne vaut un toucher, rien ne vaut un regard. On ne remplace pas tout ça." Mais avec aucun mort du coronavirus au sein de l'établissement, cela montre que "notre décision n'est pas trop mauvaise", estime la directrice.

franceinfo : Au 23e jour de confinement, comment allez-vous, vous et votre équipe ?

Valérie Martin : Les nouvelles sont bonnes, l'équipe tient le coup, les résidents vont bien. Mais maintenant on sent une certaine souffrance parce que les familles manquent énormément aux résidents. Les 23 jours ont été merveilleux, mais on ne remplace absolument pas le lien familial, la fille qui manque, les paroles réconfortantes de la part des familles. On fait notre maximum mais là, pour les résidents, ça commence à être très, très long. Rien ne vaut une caresse, rien ne vaut un toucher, rien ne vaut un regard. Il y a pas mal de personnes qui sont alitées, qui ont des troubles neurologiques, des troubles cognitifs. On ne remplace pas tout ça. Ce n'est pas possible, on fait notre maximum, mais le lien familial, c'est énorme.

Comment se porte le moral des équipes ?

On a tous des coups de déprime. Et je pense que dans tous les Ehpad de France, on subit ça. Il n'y a pas que chez nous. Le confinement, que ce soit général, ou en chambre, ou partiel, depuis quelques semaines maintenant, c'est très difficile, et pour la famille et pour le résident. Les familles n'ont plus accès aux Ehpad, on n'est pas du tout une exception. Au contraire, je pense, qu'on représente vraiment la problématique relationnelle des familles. On a un établissement qui s'y prête. On arrive quand même à avoir un endroit intime. Ça veut dire qu'on n'est pas dans notre literie, on n'est pas dans notre cuisine. Mais bon, on est ailleurs et on est là où on doit être.

Est-ce que vous, vos équipes portent des masques ?

On n'a pas porté de masque depuis 21 jours. Hier, j'ai décidé avec l'ensemble de l'équipe de reporter des masques, puisqu'on ouvre progressivement Vilanova à d'autres salariés qui étaient chez eux. Pour protéger au maximum le personnel et surtout les résidents, nous mettons un masque.

Vous n'avez pas eu de cas jusqu'à présent. Vous vous sentez un peu miraculés ?

Miraculés ? Peut-être pas. Mais ce qui est sûr, c'est que notre décision montre qu'elle n'est pas trop mauvaise. Il y a énormément d'Ehpad qui font des choses merveilleuses et qui n'ont pas de cas non plus. Nous, on a un directeur qui a collecté toutes nos demandes. Par rapport au Rotary, aux chocolatiers, on a énormément de dons qui arrivent. Les familles sont très, très mobilisées pour nous. Et puis, avec les autres Ehpad, on est toujours en lien, on discute tout le temps, on essaie de voir ce qu'on peut faire les uns pour les autres. C'est dur ailleurs. Il y a des problèmes de personnel. Il y a des problèmes de grosses pathologies, où les Ehpad doivent garder leur résidents. Et puis, on a quand même la grosse difficulté émotionnelle, de gestion des décès. Parce que, quand on interdit aux familles d'avoir un dernier regard ou une dernière pensée, un dernier toucher à leurs parents, c'est terrible. Donc effectivement, oui, dans les Ehpad on a tout ça à gérer, en plus de notre travail quotidien, parce qu'on travaille aussi à côté. On n'a pas que le Covid.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.