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Prolongation du confinement : "La dynamique de l’épidémie nous emmène sur une durée potentielle à 6 semaines", explique un membre du conseil scientifique

Le Premier ministre a annoncé, vendredi, la prolongation du confinement de 15 jours en France. Le professeur Pierre-Louis Druais estime que ce "n’est pas une surprise, car on savait bien qu’il fallait le prolonger de toutes façons".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Pierre-Louis Druais, professeur de médecine generale, au ministère de la Santé à Paris, le 27 septembre 2016.



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 (LEON TANGUY / MAXPPP)

"Ce n’est pas la France qui s’engage dans ce scénario, c’est le Covid qui nous engage dans ce scénario", assure vendredi 27 mars sur franceinfo le professeur Pierre-Louis Druais l'un des membres du conseil scientifique. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a indiqué, vendredi, que la période de confinement pour lutter contre l'épidémie de coronavirus est prolongée de deux semaines partout en France. C'est-à-dire jusqu'au mercredi 15 avril. 

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Pierre-Louis Druais explique que "la dynamique actuelle de l’épidémie nous emmène sur une durée potentielle à six semaines à partir du 15 mars", et que le confinement risque de se prolonger encore après les 15 jours supplémentaires annoncés par le Premier ministre. Le Professeur a aussi indiqué qu'il ne doit pas empêcher les patients de maladies chroniques ou psychiatriques de continuer à voir leur médecin pendant cette période.

franceinfo : Vous vous attendiez à une telle décision ?

Louis Druais : Ce n’est pas une surprise, car on savait bien qu’il fallait prolonger ce confinement de toutes façons. Cela s’inscrit dans les même logiques du confinement qui est nécessaire. La population va être confinée 15 jours supplémentaires, il faut aussi qu’elle s’attende à ce que ce soit un peu plus long. La décision qui est prise est politique et elle est en miroir de ce que le conseil scientifique a proposé dans la mesure où la dynamique actuelle de l’épidémie nous emmène sur une durée potentielle à six semaines à partir du 15 mars. Quatre semaines, c’est quelque chose qui peut conduire à six semaines, maintenant, on n’anticipe pas là-dessus. Ça peut paraître raisonnable de le faire de façon graduée, c’est une décision politique. Le conseil scientifique n’a pas forcément de commentaire à faire là-dessus puisque c’est dans la cohérence de ce qu’on a donné comme information scientifique.

La France semble suivre un scénario à l’italienne, s'engage-t-elle dans ce scénario-là ?

Ce n’est pas la France qui s’engage dans ce scénario, c’est le Covid-19 qui nous engage dans ce scénario. Le Covid-19, il n’a pas de religion, il ne fait pas de différence entre la France et l’Italie. Par contre, ce sont les attitudes dans notre pays qui peuvent changer un peu la donne. Je voudrais revenir sur quelques points. Le confinement, c’est la règle et ça reste le moyen le plus efficace pour réduire l’évolution de l’épidémie. Et surtout, les conséquences pour les patients qui peuvent se retrouver en réanimation avec un risque vital. Je viens de finir ma consultation. J'ai eu plusieurs patients atteints des formes tout à fait tolérables. Ils sont fatigués, ils ont de la fièvre, il faut les rassurer. Il faut leur redonner des émotions. Il faut accepter de leur expliquer les choses et surtout leur confier de ne pas hésiter à faire signe s'il y a des complications. Le confinement doit, s’il est respecté, continuer de réduire l’extension du virus puisqu’il va circuler de moins en moins.

Le confinement doit-il empêcher les personnes de se faire soigner si on souffre d’une autre maladie ?

La deuxième chose que je voudrais dire, c'est que parallèlement à ça, nous les généralistes, on a une mission forte qui est de continuer à suivre des patients qui ont des pathologies chroniques, et évolutives. Il faut que les patients sachent que nos cabinets sont disponibles, qu'on n'est pas débordés pour le moment. Quand ils ont un problème de santé, qu’ils n’hésitent pas à prendre contact avec nous. C'est nous qui déciderons, si oui ou non, il faut qu'ils sortent ponctuellement du confinement pour venir nous consulter. Et c'est très important parce qu’il ne faut pas que ces patient chroniques se disent 'ce n'est sûrement pas grave, je ne vais pas déranger les docteurs sont débordés'. Il ne faut pas qu'ils prennent un risque avec leur santé et qu’ils rajoutent de la misère à la misère. La même chose pour les patients qui ont des suivis psychologiques ou psychiatriques. Il faut qu’ils sachent que c'est important. S’ils voyaient leur médecin régulièrement, il faut continuer à envisager de le faire. Cette période de confinement peut les arranger sur le plan du principe, mais ça peut les aggraver sur le plan des résultats. Tous ces éléments-là aujourd'hui, il va falloir qu'on les développe de plus en plus parce que les conséquences du confinement, tant sur le plan physique que psychologique, c’est à nous de les anticiper. Ce sont les médecins de première ligne qui doivent être des acteurs pour aider nos collègues hospitaliers à ne pas se retrouver avec des problématiques lourdes.

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