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Reprise de l'école : "La volonté c'est de faire rentrer les élèves qui ne peuvent pas être gardés pour permettre la reprise de l'économie", dénonce un syndicat

Après les annonces du ministre Jean-Michel Blanquer, les enseignants ont l'impression qu'ils vont servir de garderie. "Faire reprendre plus vite les plus petits qui ont plus de besoins de garde c'est un peu un indicateur de ça", souligne Benoît Teste de la FSU.

Article rédigé par franceinfo
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Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 13 janvier 2020 à Vitry-sur-Seine. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Pas une seule classe n'aura plus de 15 élèves", a annoncé mardi 21 avril le ministre de l'Éducation nationale, entendu dans la matinée par la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation. Jean-Michel Blanquer a proposé pour la rentrée du 11 mai, de commencer par "les classes de grande section de CP et de CM2". "On a le sentiment que la volonté c'est de très vite faire rentrer les élèves qui ne peuvent pas être gardés pour permettre la reprise de l'économie", a commenté mardi 21 avril sur franceinfo Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, première fédération syndicale de l'éducation.

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franceinfo : Êtes-vous satisfait ?

Benoît Teste : Évidemment, il faut un étalement si on organise une reprise de l'activité scolaire. Mais est-ce que toutes les conditions seront réunies le 11 mai ? On continue à trouver ça obscur. Les masques, les tests, quelles seront les préconisations sanitaires ? Ce matin on a eu des annonces surprises parce qu'on attendait des choses fin avril. Quitte à avoir des annonces, on aimerait bien avoir une vue d'ensemble. On nous parle de groupes à 15, mais très souvent ce n'est pas un demi-groupe, une classe c'est souvent plus de 30 élèves. On nous parle de présentiel [élèves présents à l'école], d'autres à distance, d'autres en étude, d'autres en périscolaire. On nous dit que c'est une doctrine nationale mais qu'il y aura des marges locales d'appréciation. Cela reste très obscur.

Avec ce plafond de 15 élèves, est-ce que ce sont uniquement les élèves des REP (Réseau d'éducation prioritaire) qui feront leur rentrée le 11 mai ?

C'est ce qui semble envisagé, des classes qui seront déjà dans des configurations qui permettent la reprise. Il n'y en a pas beaucoup. Très vite, la question pour l'ensemble du système éducatif va se poser. Si on fait rentrer seulement les petites classes dans un premier temps le problème reste entier pour les semaines suivantes. Est-ce qu'on peut véritablement fonctionner avec des élèves qui sont ici, qui sont là, qui tournent un coup en présentiel un coup à distance ? Quel est le travail des enseignants dans cette configuration ? Est-ce qu'il y a double travail ? Est-ce que les élèves se signalent ? On est dans une situation exceptionnelle.

Avez-vous été consultés ?

Oui, on a été consultés, on a pu faire nos préconisations mais on n'a pas eu de retour. Ce sont surtout des préconisations sanitaires et là-dessus on n'a rien ce matin. On met la charrue avant les bœufs. On nous dit 'on fait une rentrée progressive', mais nous ce qu'on demande c'est si les élèves et les professeurs auront des masques, est-ce qu'on pourra faire en sorte qu'il y ait 10 élèves par classe ? Quelle sera la politique de test ? Une fois qu'on a répondu à ça on peut voir quelles sont les conditions de reprise.

Que pensez-vous de ce choix de classes ?

On a le sentiment que la volonté c'est de très vite faire rentrer les élèves qui ne peuvent pas être gardés pour permettre la reprise de l'économie et que les parents aillent travailler. Si c'est pour sacrifier la santé sur l'autel de l'économie nous on n'est pas d'accord. Faire reprendre plus vite les plus petits qui ont plus de besoins de garde c'est un peu un indicateur de ça.

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