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Témoignages "On n'y avait jamais pensé avant" : ces nouvelles habitudes de 2020 que vous allez garder après la crise sanitaire

Article rédigé par franceinfo - Marianne Chenou
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 9min
Une famille réunie autour d'un appel en visio, le 11 avril 2020 dans le Connecticut (Etats-Unis). (ANDREW LICHTENSTEIN / CORBIS NEWS)

Presque un an après le début de la crise du coronavirus, certains comportements exceptionnels se sont ancrés dans notre quotidien. Des Français nous racontent les habitudes engendrées par la pandémie qu'ils ont l'intention de conserver dans les mois à venir.

"Entre les problèmes de connexions et le débit, c'est parfois folklorique", rit Isabelle, 52 ans, en évoquant les appels en visio qu'elle passe désormais à sa famille. Un nouveau moment partagé, qu'elle doit à des circonstances inédites. Pour elle, l'année 2020 ne sera pas synonyme que de mauvais souvenirs. Malgré la pandémie de Covid-19, le confinement et même le reconfinement, elle a su s'adapter à cette période et, parfois, en tirer de bonnes leçons pour l'avenir. Certains ont renoué des liens avec leur famille. D'autres ont profité de cette période pour modifier leurs habitudes de consommation ou leur mode de transport, d'après ce que vous nous avez confié après notre appel à témoignages. Revue de détails.

Isabelle, 52 ans, a instauré des appels en visio avec sa famille tous les dimanches

"On a instauré dès le début du confinement une visio tous les dimanches à 17 heures. Vient qui veut. Notre famille est éclatée partout en France et à l'étranger, en Angleterre, au Portugal et en Hongrie. Avant le confinement, on essayait de se voir plusieurs fois par an, mais ce n'était pas toujours simple. La visio, c'est beaucoup plus pratique pour tout le monde. Même mon beau-père de 88 ans a appris à se servir de Zoom. Ça a d'ailleurs été très important pour lui. Cela fait des mois que plusieurs membres de la famille n'ont pas pu lui rendre visite.

"On n'y avait jamais pensé avant. Le confinement a été très positif en ce sens, il nous a beaucoup rapprochés."

Isabelle

à franceinfo

Les années précédentes, les nouvelles nous arrivaient de façon éclatée. Maintenant, on peut discuter directement avec nos neveux et nièces éloignés, par exemple. On a continué pendant l'été alors qu'on pouvait se déplacer et on perpétuera ce rendez-vous à l'avenir. On parle de nos lectures, de ce qui nous occupe. Parfois, on n'a pas grand-chose à se dire, mais on a plaisir à se voir tout simplement."

Charlotte, 34 ans, continuera à porter un masque si elle tombe malade

"J'ai toujours fait attention à l'hygiène, mais il y a des réflexes que j'avais peu, je me baladais rarement avec du gel hydroalcoolique. Aujourd'hui, je ne me touche plus le visage. J'étais beaucoup moins concentrée sur ce que je faisais de mes mains, je ne me les désinfectais pas spécialement après avoir touché un terminal de carte bleue ou pris les transports. Ces réflexes sont aujourd'hui plus ancrés.

Je n'avais jamais porté un masque avant la pandémie de Covid-19. D'ailleurs, j'ai toujours eu un regard un peu étonné, voire halluciné, en voyant des personnes masquées. Je ne comprenais pas pourquoi c'était aussi répandu dans les sociétés asiatiques, en voyant des reportages à la télé. Et aujourd'hui je comprends parfaitement. Combien de fois je suis allée au travail un peu malade ? Maintenant, je ne pourrais plus le faire, par respect pour mes collègues. Et je pense que j'aurais du mal à avoir un collègue malade sans masque à mes côtés."

Diana, 42 ans, ne fera plus la bise à ses collègues

"Dans mon milieu professionnel, un service public, on ne sait jamais s'il faut faire faire la bise ou serrer la main. Le Covid-19 a réglé ce problème. Quand on a repris après le premier confinement, on ne se posait plus la question et on gardait nos distances. Je conserverai très certainement cette habitude après la crise sanitaire. En famille, pour le moment, il n'y a plus du tout d'embrassades non plus, même si c'est parfois frustrant. C'est surtout pour protéger les autres, je ne suis pas personne à risque, mais j'ai eu très peur de contaminer mes proches, mes parents qui sont âgés.

"J'espère pouvoir embrasser très vite mes parents, mais je pense qu'il faudra encore mettre ce geste d'affection entre parenthèses pendant quelque temps."

Diana

à franceinfo

Je pense aussi garder le masque dans les transports en commun s'ils sont bondés. On a tellement assimilé ces règles depuis un an qu'on ne pourra plus faire fi de tout ça du jour au lendemain, du moins je ne pense pas pouvoir. J'adore aller dans les magasins mais je réfléchis désormais à deux fois avant d'y aller, pour ne pas forcément faire la queue et me retrouver dans un lieu très fréquenté. Je me pose toujours la question de savoir si ça vaut la peine. 

A la maison, c'est pareil, j'ai acquis pas mal de réflexes. Avant j'aérais rapidement avant d'aller travailler. Aujourd'hui, je le fais de manière beaucoup plus régulière, même l'hiver, malgré les températures et le chauffage, je fais attention à faire circuler l'air régulièrement dans toutes les pièces de la maison."

Denis, 46 ans, ira au moins une fois par semaine au travail à vélo

"J'habite dans l'Est parisien, mais je travaille à l'autre bout de Paris. Après le premier déconfinement, je n'ai pas voulu reprendre les transports en commun, c'était trop risqué selon moi, et je devais reprendre mon activité sur site. Je faisais déjà un peu de vélo, alors j'ai décidé de faire les 45 kilomètres qui me séparent de mon lieu de travail à vélo. Je continue à le faire depuis le mois de mai, au moins une fois par semaine. Ça me permet aussi d'allier mes déplacements avec le fait de faire un peu d'exercice, ce qui n'est pas toujours facile en période de confinement. 

"La création des "coronapistes" m'a beaucoup incité à passer au vélo."

Denis

à franceinfo

Même avec le froid, la pluie, je n'ai pas voulu arrêter. C'est un moment où je prends un peu l'air, j'ai plus d'une heure de trajet. Certes c'est parfois dur de s'y mettre, mais c'est vraiment un moment agréable. Depuis que des aménagements ont été réalisés, c'est beaucoup plus simple. Traverser la rue de Rivoli sans voitures, ça me change complètement la vie. Avant, ça m'aurait pris beaucoup plus de temps, j'aurais eu du mal à traverser la Défense. S'il n'y avait pas eu ces efforts pour encourager le recours au vélo, je n'aurais pas eu l'idée de le faire. 

Ludivine, 25 ans, est passée aux vêtements de seconde main

"J'ai profité du confinement pour faire complètement le tri dans mes vêtements, parce que j'étais en train de déménager. Je me suis rendu compte que j'avais énormément de vêtements dans des cartons et que je ne les portais jamais. J'ai commencé à les revendre dans des friperies et à suivre des comptes de boutiques sur Instagram. Ce sont des boutiques plus petites. On peut échanger plus facilement avec les vendeuses, qui nous conseillent. Il y a davantage d'humain.

J'essaie de moins consommer grâce à ce concours de circonstances. La "fast-fashion", c'est assez désastreux pour l'écologie, on n'a pas besoin d'autant de pièces. Elles ne sont pas chères, mais elles ne durent pas longtemps, donc au final, on en achète davantage. Je préfère acheter plus cher mais de meilleure qualité. Je vais continuer aussi parce qu'avec toutes les mesures sanitaires, c'est encore plus contraignant d'aller dans les grands magasins, les centres commerciaux, de faire la queue... C'est prendre des risques pour rien et j'en ai moins envie."

Jean-Philippe, 40 ans, a aménagé un bureau chez lui pour continuer le télétravail

"Depuis le déconfinement, au mois de mai, j'ai transformé une chambre d'ami en bureau. Ma femme a préféré s'installer dans le salon, chacun a aménagé son espace. Je n'ai pas acheté de meubles particuliers, mais j'ai récupéré de quoi me faire un espace de travail convenable, à long terme. C'est moins confortable, je n'ai pas mon fauteuil de bureau, les tailles d'écran sont moindres, je n'ai pas déménagé l'ensemble de mon équipement professionnel car je suis amené à retourner régulièrement dans mon entreprise.

Je pense que je resterai en télétravail au moins une journée par semaine à l'avenir. Ça permet d'avancer un dossier et de gagner en efficacité puisqu'on n'est pas dérangé. Quand je vais sur mon lieu de travail à titre exceptionnel, je trouve ça dur de ne plus avoir de contacts avec mes collègues. On ne peut plus partager de moments, prendre le temps de discuter ou de boire un café, il faut y aller les uns après les autres. Dans ce contexte, je préfère rester chez moi, il y a très peu d'intérêt à aller sur site si je dois rester isolé."

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