Une Chinoise venue de Wuhan est-elle arrivée en France avec des symptômes suspects du coronavirus ?
L'ambassade de Chine en France a confirmé la présence de cette ressortissante dans l'Hexagone et dit en avoir des nouvelles rassurantes. Selon les autorités sanitaires françaises, des investigations sont en cours, mais aucun cas suspect n'a été signalé.
"Bonjour, Paris." Il a suffi de quelques captures d'écran pour que la psychose s'installe et que la rumeur se répande sur les réseaux sociaux, mercredi 22 janvier. Le nouveau coronavirus apparu en Chine serait-il arrivé en France, véhiculé par une femme ayant réussi à quitter la ville de Wuhan malgré sa fièvre et sa toux ?
Les captures d'écran en question montrent des messages rédigés en chinois et postés sur la messagerie chinoise WeChat. Les textes racontent comment une ressortissante chinoise a réussi, en prenant des médicaments, à déjouer les contrôles à l'aéroport de Wuhan, en Chine, et à prendre l'avion, alors qu'elle toussait et avait de la fièvre, arrivant ainsi en France sans encombre. Toujours d'après ces messages, elle est ensuite passée par Lyon. Sur les photos qui accompagnent ce récit, on voit notamment d'appétissantes assiettes de mets français et une jeune femme attablée dans un cadre élégant, en train de trinquer, un verre de vin rouge à la main, tout sourire.
"Madame Yan" est bien arrivée en France
"Dans la ville gastronomique de Lyon, tu es obligé d'aller manger dans un restaurant étoilé, dit l'une des textes, qui revient sur le périple. Ça s'est relativement bien passé, rien de particulier n'est arrivé, dit le texte. Légère fièvre et toux avant de partir. J'étais morte de peur, j'ai tout de suite pris des médicaments, pris ma température, et heureusement ma température a baissé, et mon départ et mon arrivée se sont passés sans accroc. En tant que passagère venant de Wuhan, je n'ai pas eu le droit à un traitement spécifique à l'aéroport."
Confirmation qu'une Chinoise de #Wuhan arrivée à #Lyon s'est vantée sur WeChat d'avoir réussi à éviter le contrôle à la douane à l'aéroport malgré sa fièvre et sa toux inquiétante. Rien ne prouve qu'elle est infectée par le #coronavirus mais son attitude est irresponsable. pic.twitter.com/nxIrL9ds1u
— Conflits (@Conflits_FR) January 22, 2020
L'ambassade de Chine en France a confirmé, dans un communiqué diffusé jeudi 23 janvier, l'arrivée dans l'Hexagone de cette voyageuse suspecte. La représentation diplomatique chinoise a déclaré avoir été alertée par des ressortissants chinois qui l'ont appelée et lui ont écrit des e-mails. Les services diplomatiques ont assuré avoir contacté cette femme, "madame Yan", dès mercredi soir, pour lui demander "d'appeler rapidement le 15", afin d'être "prise en charge par les urgences".
L'ambassade de Chine en France a donné, vendredi 24 janvier dans un nouveau communiqué, des nouvelles de "madame Yan", qu'elle dit avoir eu à nouveau au téléphone. "Elle fait savoir que ces derniers jours, elle se prend la température régulièrement et que maintenant, elle ne présente pas de symptômes de fièvre ou de toux, ont écrit les services diplomatiques. Elle affirme avoir déjà appelé le 15 et que les services médicaux français lui ont indiqué que sans symptômes de fièvre et de douleur, elle n’a pas besoin de se faire examiner."
Des investigations en cours sur ce cas
Jointe par franceinfo, l'Agence régionale de santé d'Auvergne-Rhône-Alpes, explique s'être enquise du cas de "madame Yan" jeudi après-midi auprès des Hospices civils de Lyon. L'ARS déclare toutefois qu'"aucun signalement pouvant correspondre à ce cas n'a été fait auprès du centre 15 de Lyon". Le consulat de Chine à Lyon, interrogé par Le Progrès, a cependant fait savoir jeudi midi que, selon ses informations, "la personne concernée n'est pas à Lyon". Il n'est donc pas exclu que "madame Yan" ait poursuivi son voyage en France et appelé le Samu depuis une autre ville.
Interrogée par des journalistes, jeudi après-midi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déclaré que le cas de cette femme était "en train d'être investigué par ses services". La ministre n'a donc rien confirmé ni infirmé. Mais elle a fait cette mise au point : "Il n'y a pas de cas douteux en France. Il y a eu deux cas investigués qui se sont révélés négatifs."
Contactée à deux reprises par franceinfo, jeudi et vendredi, la Direction générale de la santé n'a pas non plus confirmé ni infirmé ce cas suspect. La DGS a elle aussi fait savoir que "ce sujet est en cours d’investigation par les autorités sanitaires et les services diplomatiques". Il n'y a, à ce jour, "pas de cas confirmé" de coronavirus en France et les autorités sanitaires, comme la ministre, font savoir qu'elles ne communiqueront que sur des cas confirmés.
Un risque d'introduction "faible", mais pas exclu
Mardi, la ministre de la Santé a reconnu que "le risque d'introduction en France [était] faible mais ne [pouvait] pas être exclu", compte tenu notamment "des lignes aériennes directes" entre la France et la ville chinoise de Wuhan. Des messages de précaution étaient diffusés dans les vols directs en direction et en provenance de Wuhan. Des affiches rappelant la conduite à tenir en cas de symptômes sont affichées dans les aéroports internationaux. En revanche, "conformément aux recommandations de l’OMS", explique la DGS, la France n'a pas mis en place de contrôle systématique de la température des voyageurs en provenance de Chine.
En cas de doute, les personnes sont invitées à rester chez elles pour éviter les contacts, à multiplier les "mesures barrières" (se laver les mains régulièrement, porter un masque sur le visage, etc.) pour éviter des contaminations, et à appeler le 15.
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