Arrivée du vaccin Janssen en France : "Il faut une meilleure communication autour de ce nouveau vaccin", estime un syndicat de médecins
Avec l'arrivée de ce nouveau vaccin, l'enjeu sera de ne pas commettre les mêmes erreurs de communication que pour l'AstraZeneca, prévient le président du syndicat de l’Union française pour une médecine libre.
Les Français de plus de 55 ans peuvent, en théorie, à compter de ce samedi 24 avril être vaccinés contre le Covid-19 avec le vaccin unidose Janssen (filiale de Johnson & Johnson). La France a reçu une première livraison de 200 000 doses de ce vaccin la semaine dernière, qui avait été suspendu quelques jours après le signalement de 15 cas de caillots sanguins aux Etats-Unis. Une suspension qui fait craindre une défiance pour Jérôme Marty, le président de l’UFML, le syndicat de l’Union française pour une médecine libre, interrogé samedi 24 avril sur franceinfo.
franceinfo : Avez-vous peur d'être confronté à une défiance du même ordre que celle à l'encontre du vaccin AstraZeneca ?
Jérôme Marty : Il faut surtout une meilleure communication autour de ce nouveau vaccin que la communication désastreuse à laquelle nous avons assisté pour AstraZeneca. Il faut absolument que l'on dise la vérité sur les effets secondaires, que l'on soit clair sur l'effet bénéfice-risque, que l'on rappelle que les incidents sont rarissimes et que l'apport du vaccin est extrêmement important dans notre pays. Nous sommes encore l'un des pays du monde où le virus circule le plus. Il y a encore beaucoup de risques pour les gens de plus de 55 ans d'être touchés par cette maladie. Il faut rappeler aux Français qu'on a encore, malheureusement, entre 300 et 400 décès par jour, que nos services de réanimation sont en tension dans beaucoup de régions, que l'on a des taux d'incidence très importants.
Le vaccin de Johnson & Johnson est le premier du genre en France. Il n'y a pas besoin d'une deuxième dose ? Est-ce plus pratique pour les médecins ?
Oui, c'est mieux d'avoir un vaccin avec une seule dose. Cela permet d'avoir une souplesse plus grande et une facilité d'utilisation bien plus importante. Donc on peut penser que ça va nous permettre d'accélérer la vaccination. Après, il faut raison garder. Pour l'instant, on nous annonce juste un flacon par médecin et par vaccinateur par semaine et dans chaque flacon, il n'y a que cinq doses. Il faut l'utiliser, notamment vis-à-vis des populations précaires, des gens qui ne se déplacent pas ou qui ne consultent pas. C'est un vaccin qui permet plus facilement, en quelque sorte, la vaccination, c'est-à-dire que la vaccination aille aux patients et le patient à la vaccination.
Depuis ce samedi, les voyageurs en provenance de Guyane, du Brésil, du Chili, d'Argentine, d'Inde et d'Afrique du Sud doivent respecter un isolement de dix jours, obligatoire et surveillé. Est-ce que cela peut, d'après vous, permettre de limiter la propagation des variants indiens et brésiliens?
C'est une bonne chose. Ça peut permettre, en tout cas d'éviter qu'il y ait un afflux viral plus important. Malheureusement, les variants sont déjà sur notre territoire et on assiste à une montée lente, certes, mais ces variants montent déjà. Ils étaient à 0,4 % des cas. Cela tourne autour de 3 actuellement. Donc ça monte.
Ce week-end, des tests sont effectués sur les plages de Bretagne. Est-ce important de continuer à se faire tester et peut-être de plus en plus, même dans les jours et les semaines qui viennent ?
Il ne faut pas tout confondre. Pour ce qui est de ces tests en Bretagne, je rappelle que la façade ouest est l'un des endroits où le virus circule le moins. Quand on teste beaucoup, cela circule peu, on aura peu de résultats positifs et donc on peut tracer. Mais dans les régions où le virus circule beaucoup, ne perdons pas de vue une chose qui est très importante, il ne faut pas tester pour tester. Si vous testez et que vous avez des milliers de cas positifs, vous êtes incapable d'avoir un isolement efficace. Il ne faut pas mentir aux gens. Le testing, il est efficace quand le virus circule peu. Or, la problématique que nous avons dans notre territoire plus de 30 000 cas par jour et avec plus de 30 000 cas par jour, nous ne pouvons pas avoir un tracé isolé, précis et efficace.
Et donc avoir recours aux autotests et ouvrir les fenêtres ?
Oui, il faut mettre en pratique l'utilisation des autotests. Les autotests doivent être démocratisés, trouvables partout, en tout lieu, quasi gratuits pour que tout le monde se les approprie. Il faut les utiliser plusieurs fois par semaine, dans un lieu de vie, c'est-à-dire dans une réunion familiale, un repas au cinéma ou au théâtre quand ils seront ouverts, une terrasse de café, etc. Mais aussi quand on va au travail. Et si l'on est positif on s'écarte, ce qui permet d'éviter d'avoir cette contamination, éventuelle. Nous devons également revoir aussi la circulation de l'air. Le principale mode de contamination de cette maladie, c'est la voie aérienne, la voie aérosol. Il faut donc travailler sur la qualité de l'air intérieur, ouvrir grandement les fenêtres, mettre les détecteurs de CO2 pour voir quand l'air est vicié et quand il faut ouvrir ses fenêtres. Et puis travailler aussi sur des purificateurs d'air. La France est très en retard là dessus. Il faut impérativement qu'on accélère.
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