Covid-19 : ce qu'il faut savoir du vaccin élaboré par Sanofi, qui vient d'arriver en pharmacie
Le vaccin de Sanofi est finalement disponible, jeudi 22 décembre, après plus de deux ans de développement et de multiples péripéties. Contrairement aux vaccins Pfizer et Moderna, il ne s'agit pas d'un vaccin à ARN messager, mais à protéine recombinante. La Haute Autorité de santé (HAS) a autorisé début décembre son utilisation pour les plus de 18 ans mais précise qu'il est à utiliser "en seconde intention" et "maintient sa recommandation de recourir préférentiellement aux vaccins à ARNm". Franceinfo vous dit tout ce qu'il faut savoir de ce vaccin.
Une alternative aux vaccins à ARN messager
Baptisé VidPrevtyn Beta, il s'agit du premier vaccin anti-Covid-19 développé par une entreprise française : le laboratoire Sanofi, en partenariat avec l'entreprise pharmaceutique britannique GSK. Particularité de ce vaccin : contrairement au vaccin Pfizer et Moderna, il n'a pas recours à la technologie à ARN messager mais utilise la technologie dite à protéine recombinante.
Cette technologie tire son nom de la protéine Spike, présente à la surface du Sars-CoV-2. Cette protéine, en forme d'aiguille, est indispensable pour que le virus traverse la membrane cellulaire et pénètre l'organisme. Le vaccin réplique cette protéine Spike pour déclencher la production d'anticorps et ainsi apprendre à l'organisme à neutraliser la protéine Spike en cas de contamination par le vrai virus.
Alors que la Chine sort de sa stratégie "zéro Covid" et que les épidémiologistes redoutent l'apparition de nouveaux variants, le développement de nouveaux vaccins utilisant une technologie différente pourrait être un atout pour lutter contre la pandémie : une variété plus grande de vaccins permet d'immuniser la population contre davantage de variants. "Il est donc nécessaire d’avoir plusieurs solutions tout au long de cette pandémie", a estimé jeudi Charles Wolf, directeur général vaccins chez Sanofi, dans une interview au Parisien (article pour abonnés).
Une efficacité prouvée pour les rappels
"Selon les premières données, notre rappel serait aussi efficace que ceux de Pfizer et Moderna", déclare Charles Wolf dans cette même interview. La HAS a donné son feu vert à Sanofi le 8 décembre pour la commercialisation de son vaccin. Un avis favorable qui se limite pour le moment à l'utilisation en rappel et chez les adultes de plus de 18 ans. La HAS le recommande "en seconde intention", pour les "personnes réticentes aux vaccins à ARNm et à celles qui présentent une contre-indication".
Une utilisation dès la première dose pourrait "être envisagée si des données d'efficacité similaires sur les sous-lignages du variant Omicron, en comparaison aux vaccins actuellement utilisés en France étaient fournies", explique le communiqué de presse de la HAS. Pour l'instant, il est en effet nécessaire d'avoir reçu deux doses d'un vaccin autorisé en primo-injection, comme Pfizer, Moderna ou AstraZeneca pour recevoir une dose du vaccin développé par Sanofi en dose de rappel.
Cette autorisation pourrait permettre aux personnes réticentes à ces vaccins de se protéger. La HAS estime de son côté que "les besoins en vaccins pouvant être utilisés en primo-vaccination chez les personnes ne souhaitant ou ne pouvant pas bénéficier de vaccins à ARNm sont déjà couverts en France actuellement." Il est en effet possible de recevoir le vaccin développé par le laboratoire AstraZeneca en première dose. Il s'agit là aussi d'un vaccin qui utilise un virus inactivé et n'a pas recours à la technologie ARNm.
Un long développement et du retard sur ses concurrents
Le VidPrevtyn Beta a connu des lenteurs de développement et surtout un échec à mi-parcours qui a fait perdre beaucoup de temps au laboratoire pharmaceutique. A l'origine de ce retard, une erreur de dosage dans la composition du traitement, à cause de réactifs de qualité insuffisante. Le VidPrevtyn Beta arrive ainsi sur le marché plus de deux ans après la première vaccination effectuée avec le vaccin Pfizer-BioNTech, le 8 décembre 2020.
"Pour la population, ce n'est peut-être pas assez rapide ; pour nous, c'est une prouesse scientifique" estime tout de même Charles Wolf dans Le Parisien. "On a réussi à mettre au point ce rappel en deux ans, contre dix normalement", argumente-t-il. Un développement plus rapide qu'à la normale en effet, mais beaucoup plus lent que pour ses concurrents. L'alliance du géant américain Pfizer et de la start-up allemande BioNTech a mis seulement 10 mois à développer son vaccin à ARNm.
Un marché global de plusieurs milliards
Si le vaccin développé par Sanofi arrive trop tard pour la campagne de vaccination initiale, il tombe à pic pour la 4e dose. La campagne de vaccination pour le deuxième rappel est encore timide : seulement 45% des plus de 70 ans ont une deuxième injection de rappel. Chez les 60-64 ans, c'est encore moins, seulement 30%, selon les données disponibles sur le site de Santé publique France.
Sanofi compte bien capter ce marché et être le vaccin privilégié par les Français pour leur deuxième dose de rappel. "Plus de 70 millions de doses ont été achetées par l’Europe", affirme Charles Wolf. Les enjeux sont importants pour le laboratoire pharmaceutique français, qui doit couvrir ses coûts de développement, mais également financer son dernier investissement à plus d'un milliard d'euros : un centre près de Lyon consacré à la recherche sur les vaccins à ARN messager. "Notre objectif : développer six vaccins à ARN messager d'ici 2030 contre la grippe, la bronchiolite, l'infection à chlamydia, et même contre l'acné !", explique le directeur général chez Sanofi au Parisien.
Le marché des vaccins à ARNm peut en effet rapporter gros. En 2021, Pfizer a doublé son bénéfice net par rapport à l'année 2020, en très grande partie grâce au vaccin anti-Covid. Avec 2,3 milliards de doses vendues à travers le monde, le géant pharmaceutique avait généré 18,5 milliards de bénéfice sur les neuf premiers mois de l'année 2021.
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