Covid-19 : décréter la vaccination grande cause nationale "ferait comprendre à la population qu'il y a urgence à se faire vacciner", affirme un médecin

Dans une tribune publiée mardi 5 janvier dans le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, une trentaine de médecins demandent à ce que la vaccination contre le Covid-19 soit décrétée "grande cause nationale". "Cela ferait comprendre à la population qu'il y a urgence à se faire vacciner", explique sur franceinfo Jérôme Marty, président du Syndicat de l'Union française pour une médecine libre et signataire du texte. Jérôme Marty dénonce "un problème de gestion du stock et du matériel". 

franceinfo : Comment expliquez-vous ce retard critiqué de toutes parts ?

Jérôme Marty : Pour vacciner, il faut du matériel et des hommes. Les hommes, on les a et on sait faire puisque, pour la vaccination contre la grippe, on sait vacciner un million de personnes en une semaine.

Là, il y a manifestement un problème de gestion du stock et du matériel. Tout cela, il faut vraiment le mettre à plat, être totalement transparent là-dessus et accélérer la fourniture.

Jérôme Marty

à franceinfo

Il faut que ce soit des gens dont c'est le métier d'organiser ce genre de planification et de distribution qui s'occupent de cela. Nous demandons également l'utilisation de ce qu'on appelle la licence d'office. C'est une procédure administrative, quand un produit pharmaceutique efficace est distribué en quantité insuffisante, qui permet au gouvernement de demander que d'autres laboratoires le fabriquent sous licence du laboratoire qui l'a fabriqué en premier. On multiplierait les sites de fabrication et donc la quantité de matériel disponible et donc la possibilité de vacciner de plus grandes quantités de population.

Pourquoi demandez-vous que la vaccination contre le Covid-19 soit décrétée grande cause nationale ?

C'est plus que symbolique. Ca donnerait la dimension de l'importance de ce geste vaccinal. Cela ferait comprendre à la population qu'il y a urgence à se faire vacciner alors qu'on a encore 58% des Français qui sont en défiance par rapport à ce vaccins. Ça va être un autre facteur de ralentissement de la vaccination. Il faut montrer à tout le monde qu'on est dans une course contre la montre et que le vaccin est une possibilité d'issue à cette maladie.

Quand vous voyez la situation en Allemagne et en Angleterre, vous vous dites que la France va également tout droit vers un troisième confinement ?

Ce qui est certain, c'est qu'il faut tout faire pour l'éviter parce que les conséquences sociales, sociétales et économiques sont de plus en plus dramatiques, confinement après confinement. On est dans un paradoxe parce que cette maladie qu'on apprend à connaître devrait nous amener à faire des gestes préventifs. C'est-à-dire, justement, à confiner très tôt, mais de par les conséquences humaines et économiques, on ne peut pas le faire. Et donc, si on doit le faire, on ne le fera malheureusement que trop tard. Il faut tout faire pour l'éviter. Comment ? Avec une politique de tests très efficace et une vaccination qui s'accélère.