Covid-19 : "La vaccination obligatoire au lycée doit être pour les enseignants", plaide la présidente de la Société française de pédiatrie
Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes, estime sur franceinfo mercredi que les enseignants peuvent jouer le rôle d'exemple en se faisant vacciner.
"La vaccination obligatoire au lycée doit être pour les enseignants", pas pour les adolescents a plaidé la présidente de la Société française de pédiatrie, la Pr Christèle Gras-Le Guen, sur franceinfo mercredi 28 juillet. La cheffe du service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes affirme que "la priorité reste de vacciner contre le Covid-19 tous les sujets fragiles en particulier les adultes avec des problèmes de santé ou encore les personnes les plus âgées". La Haute autorité de santé en France doit donner son avis ce mercredi sur l'autorisation du vaccin Moderna pour les 12-17 ans par l'Agence européenne des médicaments. C'est le second vaccin autorisé, dans l'Union européenne, pour les mineurs, après celui de Pfizer-BioNTech.
franceinfo : Quand on entend les témoignages d'adolescents, ils disent redouter les effets secondaires ou pensaient attendre encore un peu. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : Les Français et les ados en particulier avaient espéré prendre une parenthèse estivale avant de se replonger dans la question de la vaccination, mais la pandémie nous rattrape et il va falloir s'organiser plus vite que prévu pour que la rentrée se passe dans de meilleures conditions. Et on sait que le gros des motivations, c’est de pouvoir reprendre une vie normale, de nouveau pouvoir faire du sport, ne pas avoir ces contraintes d'organisation des classes à la rentrée et pouvoir échapper aux complications que l’on pressant du fait de ce variant qui n'était pas attendu dès maintenant, et qui se développe très, très vite.
Cette vaccination des 12-17 ans est-elle essentielle pour limiter la circulation du virus et pour empêcher l'apparition de nouveaux variants ?
Plus il y aura de personnes immunisées dans notre pays et moins le virus va circuler. Pour autant, c'est un message qui tient à cœur de toute la communauté pédiatrique qui a communiqué récemment sur le sujet, la priorité reste de vacciner tous les sujets fragiles, en particulier les adultes avec des problèmes de santé ou encore les personnes les plus âgées. Après le fait de pouvoir limiter la circulation dans le pays en général et chez nos adolescents en particulier, ça va être une aide pour gérer cette quatrième vague que l'on pressent et à limiter les effets sur la santé des plus fragiles, mais aussi les effets que l'on a vu au quotidien qui sont très spectaculaires sur la santé mentale des adolescents et sur leur quotidien.
Seul Pfizer est pour l'instant autorisé pour les adolescents, l'Agence européenne des médicaments vient d'approuver l'utilisation du vaccin Moderna. La Haute autorité de santé en France doit donner son avis. Ça aussi, ça devrait permettre d'accélérer la vaccination ?
Les centres de vaccination ont été pris d'assaut depuis les annonces présidentielles et le vaccin Pfizer est largement utilisé. Il est évident que plus il y aura d'offres de vaccination à la rentrée et le plus facile ce sera de pouvoir se faire vacciner. Chez les adolescents, leur système immunitaire est plus efficace que celui des adultes. On sait que, par exemple, les adolescents qui ont déjà fait une fois la maladie peuvent être immunisés avec une seule dose du vaccin. D'où l'idée que l'on puisse les tester à chaque fois que possible avant la première dose vaccinale, pour pouvoir vérifier si, oui ou non, ils ont besoin des deux doses. Mais ils restent susceptibles d’être infecté par des formes bénignes de la maladie, seulement ils participent à la chaîne de transmission, même s'ils ne sont pas non plus le relais principal. Même avec le variant Delta, on s'est rendu compte qu’il était beaucoup plus contagieux que le virus initial, mais que, pour autant, il n'a pas plus de formes sévères, ni chez l'enfant ni chez l'adolescent.
Faut-il à vos yeux que le pass sanitaire soit exigé au collège et qu'au lycée la vaccination soit rendue obligatoire ?
La vaccination obligatoire au lycée, je dirais de manière un peu provocatrice, elle doit être pour les enseignants. Les enseignants qui vont donner l’exemple et qui pourront être protégés et qui pourront assurer l'enseignement et les cours. Ensuite, le pass sanitaire c'est un débat qui, bien évidemment, agite notre pays mais la priorité, encore une fois, doit être donnée à la vaccination des plus fragiles, de manière à ce qu'on puisse éviter l'afflux dans les réanimations, l'afflux dans le système hospitalier.
Est-ce qu'on pourra se passer d'une vaccination des moins de 12 ans si toutefois les études le permettent ?
La vaccination des moins de 12 ans n'est pas du tout d'actualité dans la mesure où il a été clairement constaté depuis le début de cette pandémie, qu’ils sont moins souvent infectés et certainement moins participants dans la chaîne de contamination et dans la dynamique de la pandémie. Donc la vaccination des moins de 12 ans, on n'en est pas là.
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