Covid-19 : "La vaccination réduit très fortement la transmission" estime un immunologue
L'objectif d'immunité collective en Europe à la mi-juillet est réaliste pour Stéphane Paul, chef du service d’immunologie clinique au CHU de Saint-Étienne, qui s'appuie sur les données disponibles en matière de vaccination.
"Les données israéliennes, les données anglaises et écossaises démontrent qu'effectivement, de manière épidémiologique, la vaccination réduit très fortement la transmission" du Covid-19, a assuré lundi 22 mars sur franceinfo le professeur Stéphane Paul, chef du service d’immunologie clinique au CHU de Saint-Étienne et membre du Comité scientifique vaccin Covid-19.
Le professeur Stéphane Paul estime par ailleurs réaliste l'objectif fixé par le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, d'atteindre une immunité collective en Europe au 14 juillet.
franceinfo : Thierry Breton est-il trop optimiste lorsqu'il fixe un objectif d'immunité collective au 14 juillet ?
Stéphane Paul : ll n'a pas été trop vite. On estime en France qu'on a entre 15 et 20 % de la population qui est déjà immunisée de manière naturelle contre l'infection. Les chiffres avancés par M. Breton sont relativement bien corrélés avec ce qu'on estime être l'immunité collective autour de 70 % ou 80 % de personnes vaccinées ou immunisées contre le Covid-19. L'immunité collective, c'est le degré de la population qui doit être immunisée, c'est-à-dire protégée, pour éviter que le virus circule. En fonction de l'infectiosité du virus, on sait qu'on peut estimer cette proportion de population qu'il va falloir vacciner ou immuniser pour que le virus ne se propage plus. C'est notamment en fonction du fameux R0. Chaque virus a un R0 différent et plus le virus est infectieux, plus le pourcentage doit être élevé. Moins le virus est infectieux, moins ce pourcentage doit être élevé. Donc, pour le Covid-19, on estime qu'il faut à peu près 70 % de la population pour que le virus commence à freiner sa circulation de manière très, très notable.
L'imminuté collective est possible malgré la présence des variants ?
On sait que le variant anglais, bien qu'il soit plus infectieux que les autres, est très bien protégé par l'ensemble des vaccins qui ont été testés. Donc, vis-à-vis du variant anglais, on n'a pas trop d'inquiétude par rapport à cette immunité collective qu'il faudra atteindre. On a un petit peu plus de doute, pour le variant sud-africain par manque d'information. On sait qu'il y a une mutation dans ce virus qui réduit un peu l'efficacité vaccinale. Ça reste assez léger et ce variant n'a pas l'air de se propager beaucoup pour l'instant dans les pays européens. Donc, c'est une inquiétude, c'est une surveillance. Mais vis-à-vis de l'épidémie aujourd'hui, à peu près 80 % des virus qui circulent sont des virus du variant anglais, on devrait pouvoir atteindre cette immunité collective.
Est-ce que la vaccination réduit la contamination ?
Les données israéliennes, les données anglaises et écossaises démontrent qu'effectivement, de manière épidémiologique, la vaccination réduit très fortement la transmission du virus. C'était difficile à démontrer dans des essais de phase 3 de ces vaccins, mais l'utilisation à grande échelle de ces vaccins démontre qu'effectivement, lorsque l'on atteint un niveau de protection de vaccination élevé, on réduit très, très fortement la transmission du virus. Ce que l'on sait, c'est que quelqu'un qui va être vacciné, si jamais il est contaminé ou en tout cas porteur du virus, en a tellement peu qu'il ne peut pas le transmettre. Quelqu'un qui va être vacciné a, à peu près, 5 à 10 % du virus de quelqu'un qui ne serait pas vacciné. On sait que cette quantité ne permet pas d'infecter quelqu'un. On sait que les gens ne sont plus transmetteurs, même s'ils ont un petit peu de virus.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.