Cet article date de plus de deux ans.

Réintégration des soignants non-vaccinés : l'urgentiste Mathias Wargon dénonce "le populisme" et "la démagogie" de LFI et du RN

Pour l'urgentiste, La France insoumise et le Rassemblement national veulent "faire plaisir" aux anti-vaccins alors que "ce qu'ils veulent, c'est détruire l'hôpital et la santé publique".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mathias Wargon, médecin urgentiste, chef des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, était jeudi 26 mai l’invité du 8h30 franceinfo.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Mathias Wargon, chef des urgences SMUR de l'Hôpital Delafontaine à Saint-Denis a dénoncé mercredi 20 juillet sur franceinfo "le populisme" et "la démagogie" de La France insoumise et du Rassemblement national qui réclament la réintégration des personnels soignants non-vaccinés "pour faire plaisir à toute une frange de gens qui sont anti-vaccins". Dans un avis publié mardi, l'Académie de médecine s'est opposée 'fermement" à leur réintégration jugeant qu'un "revirement" nuirait au "climat de confiance" entre les soignants et les patients, sans résoudre les difficultés de l'hôpital. De toute façon, "on est tellement dans la merde qu'on n'est pas à une personne près", a-t-il ironisé.

franceinfo : Faut-il oui ou non réintégrer les soignants non-vaccinés comme le réclament la LFI et le RN notamment ?

Ce sont de grands spécialistes de la recherche scientifique la France insoumise et le Front national. Ils minimisent la vaccination pour faire plaisir à toute une frange de gens qui sont anti-vaccins. Il n'y a qu'à regarder sur Twitter, c'est les extrêmes. C'est du populisme et de la démagogie pour plaire à cette frange-là. C'est une absence complète d'idées sur le fonctionnement de l'hôpital, sur ce qu'on doit faire pour que l'hôpital fonctionne. Donc on va réintégrer 700 personnes. C'est un chiffre ridiculement bas.

Ce chiffre de 700 personnes concerne les infirmiers suspendus parce que non-vaccinés. Ils sont 12 000 personnes au total incluant le personnel administratif. Ce n'est pas leur intégration qui va régler le problème de l'hôpital ?

On le sait tous très bien que cela ne va pas régler le problème. Si on prend les hôpitaux, les cliniques et les soins de suite, c'est une personne par établissement. C'est ridicule. De plus, cela met un énorme doute sur la vaccination.

"C'est ridicule et c'est dangereux parce que ça veut dire que la prochaine fois qu'on demandera au personnel de se vacciner, on dira aux gens finalement que vous vous vacciniez ou pas, cela n'a aucune importance."

Mathias Wargon

à franceinfo

On peut discuter de l'efficacité du vaccin, mais je vous rappelle que ces gens qui sont anti-vaccins ont refusé de se faire vacciner à un moment où le vaccin était efficace. À un moment où c'était extrêmement important à la fois pour nos patients, à la fois pour nous et à la fois pour le maintien de l'hôpital public. Donc, tous les gens comme la LFI, comme le FN qui veulent la fin de la vaccination, veulent la fin de l'hôpital public en réalité. Ce qu'ils veulent, c'est détruire l'hôpital et la santé publique.

Vous rejetez leur argument sur la baisse d'efficacité des vaccins dans la transmission du vaccin ?

C'est la perte d'efficacité, mais ce n'est pas la complète inefficacité. Encore une fois, ces gens-là ont refusé de se faire vacciner à un moment où le vaccin était efficace. La prochaine fois, ils refuseront à nouveau de se faire vacciner, et contre le Covid et contre la grippe. Vous, patient, quand vous arriverez à l'hôpital, vous aurez des soignants, la plupart des infirmiers, pas des médecins, qui refuseront pour eux-mêmes ce qu'ils vous injectent à vous. C'est quand même extrêmement particulier.

Tout ça, c'est du bidon. C'est vraiment une histoire politicienne dans le mauvais sens du terme. Ça n'a strictement rien à voir avec la santé publique. Je rappelle quand même que le PCF et le PS qui font partie de la Nupes ont appelé dès le début à la vaccination obligatoire et c'est la seule position tenable.

Chaque bras compte. Est-ce qu'on peut se passer d'eux ?

Il faut arrêter avec ‘chaque bras compte’. On est tellement dans la merde qu'on n'est pas à une personne près. La problématique ne vient pas d'une personne qui est partie, qui a refusé de se faire vacciner, qui ne croit pas en la médecine. Les médecins qui sont partis font de l'homéopathie, font coach santé, ils font des conneries. Il faut arrêter à un moment. Ce n'est pas de ces gens-là, dont on a besoin. Ce dont on a besoin ce sont de professionnels formés, payés et à qui on offre une qualité de vie au travail correcte. Voilà ce dont on a besoin.

Vous applaudissez l'avis de l'Académie de médecine qui a affirmé sa forte opposition à la réintégration des personnels soignants non-vaccinés ?

Pour une fois, l'Académie de médecine a pris des positions fermes, ce qui n'est pas le cas du Conseil de l'ordre. Elle dit que c'est incompatible avec le métier de soignant. Même la baisse d'efficacité des vaccins, évidente puisqu'on s'éloigne de la souche originale, ne saurait justifier la réintégration des non-vaccinés. Ils disent quand même que ça conserve une efficacité résiduelle et qu'il n'y a pas de contre-indication et qu'en plus, cela évite les formes graves et les Covid longs. Donc, à un moment, il faut arrêter.

La France insoumise milite pour la création en masse de lits et pour réinvestir dans l'hôpital public...

Et demain, on rase gratis ! Avec qui on les rouvre ? On n'a plus de personnel et ce n'est pas en réintégrant des soignants qu'on va les avoir. C'est en payant mieux le personnel en lui proposant une qualité de vie au travail correcte, c'est-à-dire qu'on ne lui plante pas ses vacances ou ses week-ends au dernier moment, en ayant des professionnels de bonne qualité et bien formés. Voilà comment on va changer l'hôpital public.

Pour ce qui est des lits, c'est un problème tellement plus complexe que juste dire ‘on manque de lits’. On sait que les lits qui manquent ne sont pas tant à l'hôpital qu'en soins de suite. Ils n'en parlent pas parce qu'ils ne connaissent même pas le problème. C'est dramatique la méconnaissance de l'hôpital par tous ces gens qui en parlent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.