Suspension du vaccin AstraZeneca dans certains pays : une application "injustifiée et excessive du principe de précaution", juge un pharmacologue
Selon Jean-Louis Montastruc, il n'a pas été démontré qu'il existait une relation entre les cas de thromboses et l'utilisation du vaccin AstraZeneca.
Le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 a été suspendu au Danemark, en Norvège et en Islande en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins. L'Agence européenne des médicaments a indiqué que 30 cas de thrombose ont été recensés sur cinq millions de personnes vaccinées.
La France continue pour le moment à l'utiliser, a indiqué Olivier Véran. "Il n'a pas été démontré qu'il existait une relation avec le vaccin", explique sur franceinfo Jean-Louis Montastruc, médecin, professeur en pharmacologie médical au CHU de Toulouse et membre de l’Académie de médecine.
franceinfo : Comprenez-vous cette décision de la France de ne pas suspendre l'utilisation du vaccin AstraZeneca ?
Louis Montastruc : Je suis en total accord avec le ministre de la Santé sur sa décision. Il y a 30 cas et il n'a pas été démontré qu'il existait une relation avec le vaccin. C'est vraisemblablement une association fortuite mais les études, les analyses, qui ont été faites ne montrent pas de relation. En France, il y a un cas et il n'est absolument pas en rapport avec le vaccin, il n'y a pas de démonstration qu'il puisse être lié au vaccin. Chaque jour, il y a en France et dans le monde des milliers de thromboses qui surviennent indépendamment des vaccins. Donc, il n'y a pas de raison de penser qu'il peut y avoir ce type d'association.
Comment expliquez-vous la décision prise par ces pays ?
Je crois que c'est une application injustifiée et excessive du principe de précaution. Pour moi, c'est une décision administrative et ce n'est pas une décision médicale parce que, comme l'a dit le ministre, la balance bénéfice-risque des vaccins est très favorable.
Tous les jours il y a 300 décès avec le Covid-19 dont on parle très peu et là on va s'émouvoir sur des accidents thrombotiques qui n'ont tué personne en France.
Louis Montastrucà franceinfo
Le vaccin sauve des vies et on sait traiter les petits effets indésirables, par contre, on ne sait pas traiter le Covid.
Comment mesure-t-on les effets secondaires d'un vaccin ?
Il y a tout un système organisé par la pharmacovigilance. Il y a 31 centres de pharmacovigilance en France qui sont à l'affut, qui relèvent les effets indésirables qui leurs sont déclarés, qui vont souvent les chercher dans les hôpitaux, les cliniques, auprès des centres de vaccination et les analyses. Ce sont des analyses pharmacologique, médicale et pharmaceutique. Ils font la synthèse et toutes les semaines nous avons une réunion pour dire ce qui est en rapport avec le vaccin et ce qui ne l'est pas. Pour l'observation en France nous avons conclu qu'il n'y a pas d'association démontrée. Nous allons faire remonter les informations à l'Europe, aux patients et aux médecins.
Craignez-vous que cette décision détourne les gens de la vaccination ?
Je pense que c'est une très mauvaise décision. Il faut absolument continuer à se faire vacciner, c'est le seul moyen de sortir de cette pandémie. Il faut continuer à se faire vacciner y compris avec le vaccin AstraZeneca qui est un produit sûr à ce jour.
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