Cet article date de plus de trois ans.

Tribune pour la vaccination obligatoire des soignants : "Pourquoi avoir choisi ce métier si c'est pour fragiliser les autres ?", s'indigne l'un des signataires

André Grimaldi, professeur émérite à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, appelle dans une tribune à la vaccination obligatoire des soignants contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un patient reçoit une dose de vaccin contre le Covid-19 dans le centre de vaccination à Saint-Maur-des-Fossés, le 31 mai 2021. (BERTRAND GUAY / AFP)

Quatre-vingt-seize médecins appellent à la vaccination obligatoire contre le Covid-19 des soignants dans une tribune publiée dimanche 4 juillet dans le Journal du Dimanche. Parmi eux, André Grimaldi, professeur émérite à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, fondateur du collectif Inter-Hôpitaux. "Pourquoi avoir choisi ce métier si c'est pour fragiliser les autres ?", s'indigne-t-il sur franceinfo dimanche. Le professionnel de santé "doit assurer la sécurité de ses patients, donc être vacciné va de soi", selon lui.

franceinfo : Ne pas se faire vacciner, est-ce une faute professionnelle ?

André Grimaldi : Il y a eu 30 000 personnes qui ont attrapé le Covid-19 à l'hôpital et y compris les personnels soignants, avec plus de 26 000 cas. Aujourd'hui, un vaccin est disponible et dans les règles de la profession il y a : ne pas nuire. Les patients sont par nature vulnérables et ils confient leur santé à un professionnel. Ce professionnel doit assurer la sécurité de ses patients, donc être vacciné va de soi, comme d'ailleurs prendre l'ensemble des précautions pour ne pas aggraver la situation d'un malade.

Que faire si un soignant refuse ?

Cela fait partie des règles communes pour vivre ensemble et ces règles nous aident les uns et les autres. J'ai comme tout le monde envie de ma liberté. Je suis convaincu, comme pour les 11 vaccinations obligatoires pour les enfants, que si on dit que c'est obligatoire et qu'on en discute, la grande majorité de ceux qui sont réticents le feront. Il y a un paradoxe : pourquoi avoir choisi ce métier si on peut contaminer une personne fragile, immunodéprimée, âgée, obèse ou diabétique ? Il y a 20 millions de personnes qui ont une maladie chronique. Il ne s'agit pas de personnes en fin de vie, donc à un moment il faut qu'il y ait une règle.

Cela implique des sanctions pour ceux qui ne respecteront pas cette règle, avec une interdiction d'exercer ?

Cela veut dire changer de lieu pour ne pas rendre vulnérables les personnes dont on a la charge comme en pédiatrie, s'il n'y a pas de risque, ou dans un poste administratif. Ou bien on change de métier. Pourquoi avoir choisi ce métier si c'est pour fragiliser les autres ?

Après il y a une autre question, celle d'une politique de santé menée depuis des années. Aujourd'hui une infirmière reste un ou deux ans dans une équipe. Avant on avait des équipes solidaires et cela facilitait que tout le monde se vaccinait. Aujourd'hui les gens sont traités comme des pions que l'on trimballe et on perd la qualité professionnelle et le sens de la responsabilité collective. C'est ainsi que dans certains services, pratiquement tout le monde est vacciné et pas dans d'autres.

Les responsabilités ne sont pas seulement individuelles. On a traité la santé comme une marchandise comme une autre. On recueille ce que l'on a semé et la responsabilité est politique.

Faut-il vacciner aussi toutes les professions au contact avec du public ?

Pour les serveurs et les commerçants, c'est d'abord pour les protéger eux-mêmes. Mais quand je vais chez un commerçant, je ne lui confie pas ma santé. Quand je vais dans une grande surface ce n'est pas comme quand je vais à l'hôpital. Quand je vais à l'hôpital, j'ai un problème de santé et je ne veux pas qu'on m'en donne un autre. Quand je vais dans une grande surface, je veux que les règles de sécurité soient respectées. Je suis d'accord pour dire que l'ensemble de la population est concernée par la population mais la santé n'est pas une activité comme une autre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.