Vaccination des professions prioritaires : la CFDT demande aux employeurs de rendre "disponibles" les salariés volontaires
Olivier Guivarch, secrétaire général de la Fédération des services CFDT, appelle les patrons à permettre à leurs salariés de se faire vacciner sur leur temps de travail.
Assistantes-maternelle, livreurs, chauffeurs routiers, facteurs... La vaccination contre le Covid-19 est, depuis lundi 24 mais, ouverte sans condition d’âge, aux professions "prioritaires". Une quarantaine de métiers sont concernés. Pour Olivier Guivarch, secrétaire général de la Fédération des services CFDT, invité de franceinfo : "L'employeur doit donc absolument faire en sorte que les salariés puissent être disponibles et puissent se faire vacciner à côté de leur domicile ou à côté de leur entreprise".
franceinfo : Est-ce que cette étape était attendue ?
Olivier Guivarch : On attendait cette deuxième étape, puisque depuis la fin de l'hiver, la CFDT revendiquait la facilitation de l'accès à la vaccination pour les salariés très exposés. On sait bien que dans beaucoup de métiers, les gestes barrières ne peuvent pas toujours être respectés. Et même pour les salariés comme les assistantes maternelles, avec les enfants, c'est tout simplement impossible. Donc on attendait vraiment cette deuxième étape. Jusqu'ici, c'est vrai que la limite d'âge ne permettait pas à beaucoup d'être vaccinés.
Comment doivent s'organiser les rendez-vous en fonction des entreprises ?
Il faut rendre effectif l'accès à la vaccination pour tous ces salariés qui sont exposés. Cela veut dire qu'il faut lever le frein du fait de prendre un rendez-vous sur son temps de travail. Nous avons entendu les organisations patronales dire qu'elles allaient permettre aux salariés de se faire vacciner sur leur temps de travail. Pour la CFDT, il faut que ce soit effectif, réel, concret. Il faut que les salariés puissent prendre rendez-vous, soit avec les services de santé au travail, par exemple, ou avec les plateformes en ligne sur un vaccinodrome, et pouvoir aller à ce rendez-vous pour se faire vacciner. Si c'est sur le temps de travail, il faut que l'employeur les rende disponibles.
On parle de salariés qui ne sont pas autonomes dans leur travail, ce ne sont pas des cadres au forfait jours en télétravail.
Olivier Guivarch (CFDT)à franceinfo
On parle de salariés qui sont sur des postes contraints, avec des horaires à respecter et une organisation du travail qui peut être complexe. L'employeur doit donc absolument faire en sorte que les salariés puissent être disponibles et puissent se faire vacciner à côté de leur domicile ou à côté de leur entreprise. Les services de santé au travail peuvent aussi être une manière de vacciner beaucoup plus largement, si ce sont les médecins qui viennent au contact des salariés dans l'entreprise.
Est-ce facile d'organiser les déplacements de la médecine du travail dans les cafés, les restaurants ?
Les services de santé au travail, c'est plutôt pour des grandes entreprises, qui ont des contacts étroits avec les services. Quand c'est inter-entreprises, il faut un peu d'organisation entre les différents employeurs et les services de santé. Le vaccinodrome pourrait être une solution pour les salariés des petites entreprises.
La vaccination se faisant sur la base du volontariat, les patrons ne peuvent donc pas obliger leurs salariés à se faire vacciner ?
C'est tout le paradoxe. La CFDT est aussi vigilante sur la facilitation de l'accès aux vaccins qu'à l'autonomie des travailleurs, puisqu'il ne peut y avoir de données personnelles transmises à l'employeur, pas d'obligation vaccinale.
Selon la législation, l'employeur ne peut pas contraindre ses salariés à se faire vacciner contre le virus.
Olivier Guivarchà franceinfo
Plus encore, il ne peut ni refuser leur retour dans les locaux de l'entreprise, ni les licencier pour défaut de vaccination. Donc, on est sur la base du volontariat. Mais la CFDT promeut la liberté et la responsabilité, l'intelligence collective, le dialogue social. Donc, cette campagne de vaccination, elle sera une réussite si les salariés exposés accèdent effectivement à la vaccination de façon concrète, facilement, et comme les employeurs se sont engagés à le faire. Et puis nous pensons qu'actuellement, beaucoup de salariés veulent se faire vacciner, puisqu'ils veulent reprendre le travail en toute sécurité.
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