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Vidéo "Ils sont invisibles mais sans eux, on n'est rien !" : les chauffeurs retrouvent un peu de confort et de bienveillance au plus grand restaurant routier de France

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Sébastien Baer - Laurent Macchietti
Radio France

Souvent privés de lieu de ravitaillement à cause de l’épidémie de coronavirus Covid-19, les chauffeurs routiers qui passent par Châteauroux se retrouvent au restaurant l’Escale, le plus grand routier de France. Ils y trouvent sanitaires, douches, couvert, ainsi qu'un peu de la bienveillance qu'ils ne retrouvent pas toujours sur leur long chemin.

"Tu as des sanitaires, douches, WC etc. gratuits. Et à partir de 5 heures du matin, tu as un petit-déjeuner gratuit." Sur le parking illuminé par l’enseigne rouge clignotante, c’est Dominique, le patron, qui assure l’accueil des routiers. Le métier de ces derniers est durement touché par le confinement imposé à cause de l'épidémie de coronavirus Covid-19 et la fermeture des commerces et restaurants qu’il a induite. Même si leur activité s'est considérablement ralentie, les chauffeurs sont toujours des milliers, chaque jour, sur les routes de France. Et ils se trouvent bien démunis, privés de lieux de repos et de ravitaillement.

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Ceux d’entre eux qui passent par Châteauroux ont retrouvé un endroit pour faire étape : après avoir mis son activité en pause au début du confinement, le restaurant l’Escale, le plus grand routier de France, accueille à nouveau ses clients. Ce soir-là, ils sont une soixantaine de semi-remorque garés sur le parking de l’établissement, bien moins que les 150 que le restaurant accueille d’habitude. "Ceux qui s’arrêtent ici livrent tout ce qui est alimentaire : conserves, légumes, le strict minimum", indique Dominique.

"Tu fais tes nouilles derrière et tu te laves pas"

À bord de son 44 tonnes, Benjamin, qui transporte des aliments pour animaux, s’est heurté pendant des kilomètres à des aires de repos fermées, des sanitaires condamnés et des parkings interdits d’accès. "Pour redescendre en Corrèze, là où je vais, il n’y a rien, indique le chauffeur. Ou alors tu roules, et tu t’arrêtes dans une sortie d’autoroute, tu sors ton réchaud, tu fais ton steak et tes nouilles derrière ta cabine et tu te laves pas." Le jeune routier de 25 ans vient de reprendre le volant après un congé paternité, un peu désabusé par le manque de solidarité.

La semaine dernière j’étais sur Pau, j’ai appelé quatre transporteurs : les quatre m’ont refusé la douche. Je venais de transporter du bois, donc j’étais pas propre, plein de sciure…

Benjamin

à franceinfo

"Alors, poursuit Benjamin, j’ai sorti mon grand bidon d’eau de dix litres, un gant, un peu de gel douche, des lingettes… C’est compliqué !"  Dominique, lui, livre des voitures en Alsace, et profite de son escale à Châteauroux pour prendre une douche. Avant de quitter son domicile de Perpignan, l’expérimenté chauffeur a rempli sa cabine de réserves pour tenir la semaine."J’ai pris des pâtes, des boites de conserves, soupire-t-il. C’est nul ! C’est dans la cabine, c’est du va-vite…"

Un manque de considération compensé par la solidarité

Le restaurant de Châteauroux a mis une semaine a s’organiser pour accueillir à nouveau les routiers : dans des préfabriqués, ils ont accès à des toilettes et à des douches. C’était le strict minimum, assure Isabelle, la cogérante, qui regrette le manque de considération dont souffrent les chauffeurs."Cette semaine, on avait cinq camions qui étaient bloqués pour ramener des masques, et on n’en parle pas, de ces gens-là, tempête-t-elle, émue. Ils sont invisibles pour tout le monde, mais sans eux, on est rien. Si les routiers ne sont pas là, les soignants n’auront pas de masques pour aller travailler…" La crise sanitaire a aussi réveillé la légendaire solidarité des routiers : la page Facebook qui recense les restos routiers ouverts pendant le confinement rassemble près de 25 000 abonnés.

Déconsidérés, les routiers retrouvent un peu de confort et de bienveillance au restaurant L’Escale - reportage à Châteauroux de S. Baer et L. Macchietti

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