: Vidéo La crise du Covid a révélé le "drame de la désindustrialisation" et le "drame de l'innovation" en France, estime l'économiste Philippe Aghion
Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France, invite à profiter des enseignements tirés de la crise sanitaire du Covid-19 pour repenser la politique industrielle et d'innovation de la France.
La crise du Covid-19 a révélé le "drame de la désindustrialisation" et le "drame de l'innovation" en France, déclare mercredi 24 février sur France Inter Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France.
"Le Covid-19 a servi de révélateur. Ça a révélé d'abord le drame de la désindustrialisation. On a vu que dans tous les produits anti-Covid, on avait perdu du terrain : respirateurs, les masques, les principes actifs, etc. Et on s'est rendu compte qu'en fait, c'était dans tous les secteurs industriels, sauf nucléaire et aéronautique", esime Philippe Aghion.
On a vu le drame de l'innovation en France, c'est-à-dire qu'on n'a pas été capable de produire de vaccin, Et on s'est rendu compte qu'en fait, c'est un déficit de notre écosystème d'innovation dans son ensemble.
Philippe Aghionà France Inter
Interrogé sur les éventuels enseignements positifs à retenir de cette année d'épidémie, Philippe Aghion estime que "si ça peut amener la France à repenser sa politique industrielle et sa politique d'innovation et les Etats-Unis à repenser leur modèle social, alors oui le Covid aura été utile". L'économiste souligne en effet que la crise a "montré les limites du modèle social américain. Il y a plus de 500 000 morts du Covid, beaucoup de gens qui ont perdu leur emploi. Et quand on perd son emploi aux Etats-Unis, on perd la couverture santé souvent et on rentre en pauvreté".
"Réinventons, profitons de cette occasion pour créer une véritable politique d'innovation en France", poursuit l'économiste. Regrettant que "la France a perdu du terrain dans toute une série de domaines", il souhaite qu'elle se place "à la pointe de l'innovation, ce qu'on n'a pas fait. Il faut le faire d'une manière qui réconcilie, qui soit inclusive". Il prône ainsi "une croissance à la fois verte et inclusive, une croissance où personne n'est laissé sur le bord de la route et qui est compatible avec l'environnement".
Créer de nouvelles activités
Face à la gravité de la situation en matière de réindustrialisation, il ne s'agit "pas de ramener des activités de Chine en France", mais de développer des "nouvelles activités", affirme le professeur. "Il faut créer les possibilités que ces nouvelles activités se développent, par exemple que dans le domaine digital ou dans le domaine bio-pharmaceutique ou dans le domaine des énergies renouvelables". Selon lui, cela doit passer par la création d'agences sur les modèles américains de la Defense advanced research projects agency (Darpa), dans le domaine de la défense et de l'espace, et de la Biomedical advanced research and development authority (Barda). "C'est grâce à la Barda qu'on a Pfizer, Moderna ou Johnson & Johnson. La Barda, c'est 12 milliards d'euros", souligne Philippe Aghion, alors que l'Europe n'a consacré que 4 milliards d'euros à la recherche biomédicale.
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