Des bactéries vaginales affaibliraient des microbicides anti-sida
Cette étude est basée sur un essai clinique (Caprisa effectué en 2010) avec des Sud-Africaines pour évaluer l'efficacité de l'anti-rétroviral Ténofovir sous forme de gel pour prévenir la transmission du VIH, le virus de l'immunodéficience humaine. Si ce microbicide s'est révélé efficace pour protéger des hommes à haut risque contre le VIH, les résultats ont été décevants chez les femmes, relèvent les auteurs de cette étude publiée le 1er juin dans Science.
L'essai clinique a montré que le ténofovir sous forme de gel appliqué avant et après un rapport sexuel réduit le taux d'infection par le VIH de 39%. Les chercheurs ont examiné un sous-groupe parmi les participantes qui ont été infectées pendant l'étude clinique en dépit du fait d'avoir utilisé régulièrement le gel microbicide.
La bactérie Gardnerella vaginalis dégrade rapidement le ténofovir
Les femmes le plus souvent infectées avaient dans leur vagin une bactérie dominante appelée Gardnerella vaginalis, qui métabolise et dégrade rapidement la partie active du ténofovir, ont constaté les chercheurs. La Gardnerella vaginalis est en cause dans des infections des organes génitaux féminins superficiels telles que la vulvite et la vaginite. On sait que la vaginite accroît le risque d'infection par le VIH car elle accroît l'inflammation de la paroi vaginale et rend plus difficile la guérison des lésions.
L'étude relève que les femmes en Afrique sub-saharienne ont un taux élevé de vaginite. L'essai clinique en Afrique du Sud a révélé que les femmes qui avaient une flore bactérienne vaginale plus saine ont eu un degré de protection contre le VIH trois fois plus grand que celles dont le vagin était dominé par les bactéries Gardnerella vaginalis.
Même si des tests montrent que le vagin d'une femme est dominé par la bactérie Gardnerella vaginalis, il reste encore à savoir si un changement de composition de son microbiome vaginal est possible durablement avec un traitement pour doper l'efficacité du gel microbicide, s'interrogent les auteurs de cette perspective, Susan Tuddenham et Khalil Ghanem de la faculté de médecine Johns Hopkins à Baltimore (Maryland). Elles pointent le fait que chez près de 60% des femmes la bactérie Gardnerella vaginalis revient en force un an après un traitement.
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