Ebola en RDC : les violences contre des agents de santé freinent la lutte contre l’épidémie
Engagé dans la lutte contre le virus, un agent de santé a été assassiné le 9 mai 2019 dans l'est de la République démocratique du Congo. En avril, un médecin camerounais travaillant pour l'OMS avait été tué. Ces attaques choquent le personnel soignant et fragilisent la lutte contre l'épidémie qui a déjà fait plus de 1000 morts.
"Un agent de l'équipe des 'enterrements dignes et sécurisés' a été assassiné à Vuhovi dans la nuit du 7 au 8 mai 2019, dans des circonstances qui ne sont pas encore élucidées", a indiqué le ministère de la Santé dans son bulletin quotidien sur la situation épidémiologique. La zone de santé de Vuhovi est située dans la province troublée du Nord-Kivu. En février 2019, un infirmier y avait été enlevé, puis tué par des hommes armés.
En avril, un médecin épidémiologiste travaillant pour l’OMS, le Dr Mouzoko Kiboung, avait été tué alors qu'il participait à une réunion de coordination dans l’hôpital de Butembo. "Un médecin congolais et un chauffeur ont également été blessés dans l'attaque. Les assaillants ont, par ailleurs, incendié des véhicules et le centre de triage des malades construit à l'entrée de l'hôpital", affirmait le ministère de la Santé.
Attaques contre le personnel de santé
Ces violences affectent la riposte contre la maladie à Butembo, considérée aujourd'hui comme le principal foyer de l'épidémie. Depuis le 1er mai 2019, "c'est la cinquième journée consécutive durant laquelle les équipes de riposte ne sont pas en mesure de réaliser toutes les activités nécessaires à Butembo, telles que la recherche active des cas dans la communauté, la vaccination et les enterrements sécurisés", a aussi regretté le ministère de la Santé. "
Nous n'avons pas d'autre choix que de suspendre nos activités jusqu'à nouvel ordre
Médecins sans frontières (MSF)à l'AFP
En avril, l'organisation Médecins sans Frontières (MSF) a préféré se retirer de la région, laissant en première ligne l'OMS et l'Unicef avec le ministère congolais de la Santé. Selon Michel Yao, le coordinateur de l’OMS, le personnel est "totalement apeuré… choqué". Cela rend le travail d'autant plus difficile qu'"Ebola se contrôle avec les communautés. Les investigations se passent dans la communauté. La vaccination, comme le suivi des contacts. Et donc, quand on n’a pas cet accès-là c’est difficile. Les événements de la dernière fois nous ont fait énormément reculer. Nous avons passé trois semaines où les activités étaient menées de façon approximative..."
Depuis le début de l’épidémie déclarée le 1er août 2018, dans le Nord-Kivu et l'Ituri, "il y a eu 1074 décès et 442 personnes guéries", selon les dernières données du ministère de la Santé, 267 cas suspects sont également en cours d'investigation. Cette épidémie est la deuxième plus grave après celle qui a touché l'Afrique de l'Ouest en 2014 (avec plus de 11 000 morts en Guinée, Sierra Leone et au Liberia, principalement).
La vaccination insuffisante pour freiner l'épidémie
Plus de 110 000 personnes ont été vaccinées depuis août 2018. Mais les équipes sont confrontées aux résistances d'une partie de la population : déni de la maladie et refus de la prévention, des soins ou des enterrements, car on empêche la famille de toucher le défunt. Dans cette zone du Nord-Kivu, la riposte anti-Ebola est également compliquée par la présence de groupes armés qui ne voient pas d'un bon œil, la présence de médecins et de policiers "dans leur zone de pillage".
A New York, le Secrétaire général des Nations unies s'est dit "préoccupé par le nombre de nouveaux cas d'Ebola" dans l'est de la RDC. "A ce stade critique, des ressources supplémentaires sont nécessaires", a-t-il estimé. L'épidémie d'Ebola inquiète également les deux pays voisins de la province du Nord-Kivu, l'Ouganda et le Rwanda, qui ont commencé vacciner leur personnel de santé.
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