Ebola : le virus gagne du terrain en RDC
En pleine nuit, un homme s’évade d’un centre de soins, parcourt plusieurs centaines de kilomètres avant de venir mourir à Goma. Il était atteint du virus Ebola. C’est le deuxième cas décelé dans la plus importante ville du pays, après la capitale Kinshasa. Sa fille âgée d’un an est elle aussi rapidement diagnostiquée comme étant porteuse du virus. Un quatrième cas a également été confirmé le 1er août.
En 15 jours, quatre cas ont donc fait leur apparition dans cette ville frontalière avec le Rwanda. Cette propagation du virus, dans une province qui était jusqu’ici épargnée, inquiète les autorités. L’OMS a même décrété, le 17 juillet, l’état d’Urgence sanitaire mondiale. Il faut dire que Goma est un centre névralgique, une plaque tournante pour le commerce, avec ses 1,5 millions d’habitants, c’est une zone de propagation idéale pour un virus. « D’un point de vue épidémiologique c’est très inquiétant » réagit Augustin Augier, le directeur général de l’association Alima, un ONG internationale en pointe dans la lutte contre le virus Ebola en RDC. « Nous dénombrons actuellement 1 000 alertes par jour, nos équipes peuvent rapidement être débordées. Nous sommes d’autant plus inquiets que dans les zones où le virus est apparu (Nord Kivu et Ituri), au nord Est du pays, le nombre de victimes n’a pas baissé et il s’étend même à des zones densément peuplées ». En un an Ebola a tué dans le pays plus de 1 800 personnes.
Toujours lutter
Face à la propagation du virus, le Rwanda a fermé ses frontières croit savoir le gouvernement congolais, allant à l’encontre des recommandations de l’OMS qui craint une entrave au commerce transfrontalier. « Pas sûr que ça change quelque chose » confirme Augustin Augier, « il y a plein d’autres moyens de traverser la frontière ». Pour faire face à ce qui s’annonce être la deuxième plus importante épidémie du pays, des centres Ebola ont été installés. Seulement, ces cliniques, disposant d'espaces d’isolement pour les malades, font peur. Les habitants s’en méfient. Le gouvernement a donc décidé d’utiliser aussi les centres de santé où les Congolais ont l’habitude de se faire soigner.
Les autorités ont également installé 80 points de contrôle sanitaire pas toujours efficaces aux dire d’associations.
L’hostilité de la population
La grande difficulté à laquelle sont confrontés les ONG sur place est la défiance de la population. « C’est une maladie qui fait peur », explique Augustin Augier, « car c’est la première fois qu’elle apparaît dans cette région. Elle est extrêmement létale, dans 70% des cas. Enfin elle peut toucher tout le monde et vient perturber l’organisation sociale » ! La population reproche aussi aux ONG et au gouvernement de snober les dispensaires locaux au profit des centres de traitement Ebola.
L'autre frein à la lutte contre Ebola : les querelles politiques et la forte activité de milices locales. Des dizaines de structures médicales ont été saccagées. 5 membres du personnel ont été tués, accusés de travailler à la solde du pouvoir en place.
Augustin Augier avoue être pessimiste quant à l’avenir de l’épidémie « il faut continuer à se mobiliser, à lutter contre le virus mais il y a un véritable risque que cette épidémie touche beaucoup de monde ».
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