Ebola : où en sont les essais sur les vaccins ?
La neuvième épidémie de maladie à virus Ebola sur le sol congolais s'était terminée le 23 juillet. Une semaine plus tard, la maladie était de retour. Le 14 août, les autorités sanitaires dénombraient plus de 40 décès. Des campagnes de vaccination sont mises en place, mais aucun traitement n'est officiellement homologué. Dans ce contexte, le 10 août, le consortium Prevac, qui réunit, entre autres, l'Inserm et la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a publié un état des lieux de la recherche dans The Lancet. Les experts se penchent actuellement sur trois stratégies de vaccination.
Obtenir l'adhésion des communautés locales
L'essai clinique, lancé en mars 2017, se déroule en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone et au Mali. Plus de 2.000 personnes ont déjà accepté d'y participer. "Une nouvelle phase d'inclusion s'ouvre à présent dans les centres des quatre pays participants, avec pour objectif d'inclure encore 2.800 personnes", note l'Inserm. "Certains vaccins ont atteint un stade avancé de développement", indique Prevac dans un communiqué, qui précise toutefois qu'il faut "poursuivre les essais cliniques". Car de nombreux paramètres restent à étudier. Parmi eux, les effets des vaccins sur les enfant et les femmes enceintes. "Au cours de l'épidémie qui a touché l'Afrique de l'Ouest, environ 21% des malades étaient des enfants de 16 ans ou moins, et le taux de mortalité était de plus de 80% chez les enfants de moins de 5 ans", précisent les chercheurs dans The Lancet. Pour les femmes enceintes, très peu de données sont disponibles à ce jour, celles-ci étant presque systématiquement exclues des essais cliniques.
"Un très important travail de mobilisation sociale et d'engagement communautaire a également été réalisé par notre équipe de socio-anthropologues, en lien avec des conseillers communautaires pour expliquer aux communautés locales l'intérêt de ce projet et obtenir leur adhésion", précise le Dr Eric D'Ortenzio, coordinateur scientifique de Prevac pour la Guinée. Les Guinéens, touchés par le virus entre 2013 et 2016, sont encore sous le choc, d'où une certaine méfiance vis-à-vis de la vaccination lors du lancement de l'essai clinique, poursuit le chercheur.
Premiers résultats en 2020
Reste aussi à étudier l'efficacité de la vaccination post-exposition et de la vaccination des personnes ayant été en contact avec des malades. Les chercheurs veulent en outre analyser les effets des campagnes de vaccination chez les personnes à risque, comme les membres du corps médical ou "les résidents des zones régulièrement touchées par les épidémies". Prevac publiera les premiers résultats des essais cliniques en 2020. Le consortium espère d'ici là "comprendre la réponse immunitaire" et poser les bases scientifiques nécessaires à une future homologation des vaccins.
L'une des plus violentes épidémies de fièvre Ebola sur le sol congolais avait eu lieu en 2007. Le virus avait particulièrement sévi au Kasaï occidental (centre) entre avril et octobre, faisant 187 morts sur 264 cas répertoriés. Entre décembre 2013 et 2014 par ailleurs, une autre épidémie avait frappé l'Afrique de l'Ouest, faisant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
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