Épidémie d'Ebola en RDC : "C'est une course contre la montre, mais il est très difficile d'avoir accès à la population", regrette MSF
Julien Binet, chef de mission adjoint pour MSF en République démocratique du Congo, a expliqué, samedi sur franceinfo, que l'épidémie d'Ebola, apparue dans une zone rurale du nord-ouest du pays, gagne du terrain et vient d'atteindre une première ville.
Depuis le début du mois de mai, la République démocratique du Congo est touchée par une épidémie de fièvre hémorragique Ebola. Médecins sans frontières (MSF) "est sur place depuis l'évaluation le 5 mai. Le ministre de la Santé a confirmé l'épidémie le 8 mai. Aujourd'hui, c'est très compliqué parce qu'il y a plusieurs foyers dans la région qui sont en train d'avoir des cas. On a 45 cas d'Ebola dont 25 décès", explique Julien Binet, samedi 19 mai sur franceinfo.
Selon le chef de mission adjoint pour MSF en République démocratique du Congo, "le grand changement depuis le début de semaine c'est que la ville de Mbandaka, une zone urbaine, commence à contracter des cas et aujourd'hui c'est le quatrième cas confirmé d'Ebola dans la ville". L'OMS a donc lancé une alerte à laquelle le ministère de la Santé congolais a répondu.
On est en train de construire une structure, un centre de traitement Ebola de 20 lits pour essayer de soutenir le ministère de la Santé.
Julien Binet
"On ne peut pas dire que les autorités ont tardé, affirme Julien Binet, parce qu'il y a déjà eu neuf épidémies au Congo et le ministère de la Santé et les autorités locales sont assez expérimentés par rapport à ce genre de maladies." Selon le chef de mission adjoint, "depuis le premier jour, jour où les échantillons sont rentrés à Kinshasa et ont été confirmés positifs à l'Ebola, le lendemain même le ministre a déclaré l'épidémie et le jour-même le mécanisme de riposte s'est mis en place".
Des difficultés d'accès
Sur place, Médecins sans frontières rencontre des difficultés pour accéder aux zones atteintes par l'épidémie. "Il est vraiment difficile de se rendre sur place dans l'équateur, c'est une région qui a peu de routes, où la population circule avec des pirogues, des bateaux sur le fleuve Congo notamment", rapporte Julien Binet. Face à cette situation, "il est donc extrêmement difficile de déployer le matériel, de faire la surveillance, la sensibilisation pour avoir accès à la population". "C'est vraiment une course contre la montre, regrette le membre de MSF, puisque les acteurs humanitaires, le ministère, l'OMS, tout le monde essaye de déployer les moyens mais il est très difficile d'avoir accès à cette population."
Interrogé sur le sujet de la vaccination et des milliers de vaccins censés être arrivés sur place, Julien Binet explique que "4 500 doses sont arrivées à Kinshasa mercredi et vont être déployées sur le terrain" : "Aujourd'hui, il est difficile de commencer la vaccination parce que les vaccins en question nécessitent d'être gardés en chaîne du froid à - 60 degrés donc ça demande une logistique qui doit être installée avant de pouvoir déployer les vaccins." La vaccination va être conduite par l'OMS mais aussi par MSF, "on est donc en train de s'accorder sur les protocoles, la stratégie avant de pouvoir vacciner le plus tôt possible", a indiqué le chef de mission adjoint.
"Lors d'une épidémie, on parle de piliers qui ont besoin d'être mis en place pour y mettre fin. Les premiers et les plus importants ce sont la surveillance - de savoir où sont les cas, combien il y en a -, il y a aussi la prise en charge clinique des cas avérés. La vaccination, elle, n'est pas encore un pilier parce que c'est quelque chose de nouveau mais c'est aussi un élément essentiel donc il est nécessaire de le mettre en place sans oublier les autres piliers comme la sensibilisation de la communauté, la désinfection et la formation", conclut Julien Binet.
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