L'annulation de la Coupe d'Afrique des nations au Maroc en 5 actes
Au terme d'un bras de fer d'un mois, la Confédération africaine de football a retiré au Maroc, qui souhaitait un report de la compétition en raison de l'épidémie d'Ebola, l'organisation de la CAN.
La Coupe d'Afrique des nations (CAN) aura bien lieu, mais pas au Maroc. Le pays avait demandé, à plusieurs reprises, de repousser la compétition, en raison d'Ebola. Mais la Confédération africaine de football (CAF) n'a pas accédé à cette requête et lui a enlevé la responsabilité de l'organisation, mardi 11 novembre. De plus, l'équipe nationale marocaine a été disqualifiée et ne participera donc pas à la compétition.
Celle-ci sera organisée dans un autre Etat africain, dont le nom sera divulgué par la CAF prochainement. Retour sur des semaines de tractations qui ont abouti à cette décision.
1 Le Maroc demande le report de la CAN
Face à la propagation de l'épidémie d'Ebola, le Maroc sollicite le report de la CAN 2015, prévue du 17 janvier au 8 février, vendredi 10 octobre. Cette demande surprise, formulée auprès de la CAF, fait suite à "la décision du ministère de la Santé d'éviter les rassemblements auxquels prennent part des pays touchés", selon le ministère marocain de la Jeunesse et des Sports. Au moment de cette requête, l'épidémie, qui touche essentiellement trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone), a causé la mort de 4 000 personnes. "Cette annonce est une surprise : le Maroc, où aucun cas n'a été recensé à ce jour, avait jusqu'à présent affiché sa sérénité face au virus d'une manière générale, et dans la perspective de l'organisation de la CAN en particulier", écrit Jeune Afrique.com.
2 La Confédération africaine de football refuse
La CAF, inflexible, rejette, lundi 3 novembre, la demande de report et adresse un ultimatum : le Maroc dispose de cinq jours pour conserver l'organisation de la CAN ou jeter l'éponge. La Confédération fait valoir que sa décision a été prise dès dimanche, "à l'unanimité" des membres du comité exécutif réunis à huis clos à Alger (Algérie).
Dans ce texte, l'instance met en avant divers arguments démontrant, selon elle, l'absence de risque sanitaire majeur lié à l'épidémie d'Ebola, qui a alors fait près de 5 000 morts. Elle cite notamment (comme la partie marocaine, mais pour une conclusion inverse) les avis de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "Le dispositif sanitaire" mis en place par le Maroc pour prévenir la propagation d'Ebola est "largement capable de faire face au flux limité" de supporters, a ainsi plaidé un membre de la CAF devant la presse locale.
3 Le Maroc "prend le temps de la réflexion"...
Deux jours après cette annonce, mercredi 5 novembre, le gouvernement marocain annonce qu'il "prend le temps de la réflexion avant de répondre". Mohammed Ouzzine, ministre marocain de la Jeunesse et des Sports, déclare devant une commission parlementaire : "C'est une décision stratégique et importante qui demande de la patience et une réflexion profonde".
4 ... et fait pression sur la CAF
Le Maroc réitère sa demande de report, samedi 8 novembre, et réclame un délai d'un an, engageant ainsi un bras de fer avec la CAF. Rabat réaffirme ainsi sa position, évoquant "un cas de force majeure strictement sanitaire", et une décision prise "après mûre réflexion". Quitte à s'exposer à des sanctions. Dans son texte, le ministère marocain assure que cette décision est "dictée par des raisons sanitaires de la plus haute dangerosité". Il répond, en outre, point par point aux arguments avancés par la CAF plaidant pour le maintien de la plus prestigieuse compétition sportive du continent. Au passage, les autorités du royaume relèvent que deux CAN ont déjà eu lieu à un an d'intervalle, en 2012 et 2013, alors que la compétition a normalement lieu tous les deux ans. Et ce pour des raisons "purement techniques", à savoir "un ajustement du calendrier international", précise le Maroc.
5 Le Maroc est finalement débouté et disqualifié
La CAF ne cède pas et prend acte du refus du Maroc d'organiser la compétition. La Confédération indique, mardi 11 novembre, qu'un autre pays organisera la CAN aux dates prévues. "Le Comité exécutif a pris note de la réception, le 10 novembre, de quelques candidatures d'associations nationales confirmant leur souhait d'organiser la compétition 2015 aux dates arrêtées, précise la CAF. Ces candidatures sont actuellement à l'étude, et le comité exécutif finalisera la sélection de l'association nationale retenue sous peu".
Le comité exécutif confirme, au passage, le maintien des journées éliminatoires qui auront lieu au courant du mois (les 14, 15 et 19 novembre), permettant la qualification des 15 équipes qui se joindront à la sélection nationale du pays hôte.
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