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Vaccin contre le virus Ebola : la France va lancer des essais vaccinaux en Guinée et au Sierra-Leone à partir de 2017

Selon l'Organisation mondiale de la santé, un vaccin contre le virus Ebola s'avère "jusqu'à 100% efficace". Une avancée saluée par le Pr Delfraissy, chercheur à l'Inserm, qui annonce à franceinfo un campagne d'essais vaccinaux pour en évaluer l'efficacité.

Article rédigé par franceinfo, Hajera Mohammad
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
L'OMS annonce la découverte d'un vaccin 100% efficace contre le virus mortel Ebola, le 23 décembre 2016. (CELLOU BINANI / AFP)

Un vaccin contre Ebola a été testé parmi 6 000 patients l'an dernier, en Guinée, et les résultats sont plus que positifs. C'est ce que révèle , vendredi 23 décembre 2016, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a dirigé cet essai. Selon elle, ce vaccin est "jusqu'à 100% efficace" contre le virus mortel qui a fait plus de 11 000 morts en Afrique de l'Ouest, ces deux dernières années. Il n'y a eu aucun cas détecté parmi les quelques 6 000 personnes qui ont reçu ce vaccin, contre 23 cas signalés dans le groupe des non vaccinés.

Une avancée saluée par le professeur Jean-François Delfraissy,  nouveau président du comité d'éthique (CCNE) et directeur de l'Institut d'immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l'Inserm-Aviesan. Il a coordonné la lutte contre le virus Ebola entre la France et l'Afrique entre 2014 et jusqu'à la fin de l'épidémie décrétée en décembre 2015. Il répond à France Info.

franceinfo : Un vaccin efficace à 100% contre Ebola, qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

Jean François Delfraissy : C'est une bonne nouvelle. Le nombre de 100% est probablement trop fort mais disons qu'on a un vaccin contre Ebola avec une efficacité indiscutable.

Ce vaccin a été mis au point très rapidement, comment l'expliquez-vous ?

Oui, ça a été très rapide. Il y avait déjà eu des recherches sur Ebola, mais elles s'étaient faites un peu dans le silence, lancées par l'armée américaine qui avait financé des laboratoires canadiens. Ce vaccin existait mais il n'avait pas été testé. Donc quand l'épidémie d'Ebola est arrivée en Afrique de l'Ouest, il y a deux ans, on a ressorti ces premiers vaccins, qui ont tout de suite étaient rachetés par les laboratoires américains Merck. C'est à partir de ce moment là qu'ils ont été réellement développés dans un délai très rapide. En général, il faut compter entre huit et dix ans pour mettre au point un vaccin.

Mais le virus Ebola est identifié depuis les années 1970. Vous pensez qu'il a fallu une émotion mondiale pour accélérer la recherche autour de ce vaccin ?

Non, il a surtout fallu une épidémie majeure en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés. Jusqu'à maintenant les autres épidémies concernaient quelques centaines de personnes. Là, pour la dernière, on parle de plus de 28 000 personnes touchées. Surtout, on a eu la crainte que l'épidémie devienne mondiale. Il y a donc eu, de la part des pays du Nord et des grandes institutions, une volonté de trouver un médicament.

J'ai quand même quelques réserves, on ne sait pas trop comment marche ce vaccin sur des enfants et, surtout, on ne connaît pas sa durée d'efficacité. Enfin, il a été testé sur des personnes qui avaient été en contact avec des patients déjà malades, donc on ne connaît pas non plus son efficacité sur une population générale non infectée. C'est pour ça que la France, avec l'Inserm, débute un essai vaccinal début 2017 en Sierra Leone et en Guinée pour tenter de répondre à ces questions.

Le laboratoire américain Merck a aussi un intérêt financier à développer ce genre de vaccins. Il va en tirer profit ?

D'abord, il faut que le vaccin soit homologué. L'OMS pense que, là aussi, l'étape sera beaucoup plus rapide que d'habitude et pourra survenir dans le courant de l'année 2017. Après, sur le coût du vaccin, on peut bien sûr s'interroger mais on est dans un tel problème de santé publique que c'est cet aspect qui va dominer. On a déjà trouvé des solutions de coût pour les médicaments anti-VIH dans les pays du Sud. Je pense que pour lutter contre ces maladies émergentes, contre ces grandes crises sanitaires, on trouvera aussi des solutions.

Peut-on dire que ce vaccin est un premier pas vers l'éradication d'Ebola ?

Pas une éradication. Mais c'est un premier pas pour casser une nouvelle épidémie qui surviendrait dans un endroit x ou y, probablement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, et qu'on ne maîtriserait pas parce les systèmes de santé ne seraient pas meilleurs. On aurait cette fois-ci un outil pour casser la chaîne de contamination dès le début, sans que le scénario d'il y a deux ans ne se reproduise.

"On a un vaccin contre Ebola avec une efficacité indiscutable" Professeur Jean-François Delfraissy

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