Grippe aviaire : "C'est une véritable course de vitesse vis-à-vis du virus pour réaliser des abattages extrêmement ciblés", explique un vétérinaire
Le virus s'est introduit en France via les courants migratoires, indique-t-il. "Depuis plusieurs semaines, on assiste à un niveau de contamination tout à fait exceptionnel de l'avifaune sauvage. Des centaines d'oiseaux ont été trouvés morts."
Des abattages préventifs de canards ont été décidés dans les Landes pour "éviter au maximum du possible une forte propagation" de la grippe aviaire détectée dans 18 foyers en France, a annoncé la préfecture des Landes. "C'est une véritable course de vitesse vis-à-vis du virus pour réaliser des abattages extrêmement ciblés", a expliqué vendredi 25 décembre sur franceinfo Jean-Luc Guérin, professeur à l'école nationale vétérinaire de Toulouse.
franceinfo : Cet abattage est-il vraiment nécessaire ? Pouvait-on faire autrement ?
Jean-Luc Guérin : La décision qui a été prise est d'aller le plus vite possible pour essayer d'éviter la diffusion à partir des deux foyers identifiés. C'est une véritable course de vitesse vis-à-vis du virus pour réaliser des abattages extrêmement ciblés. On ne peut pas parler d'abattages massifs, il s'agit d'abattages ciblés, dans un rayon restreint autour des deux élevages.
"L'idée est d'éviter de revivre le scénario d'il y a quatre ans."
Jean-Luc Guérin, professeur à l'école nationale vétérinaire de Toulouseà franceinfo
C'est un virus que nous ne connaissions pas à l'époque, donc nous avions été surpris, les scientifiques y compris, par le comportement de ce virus et sa très grande facilité de propagation y compris en proximité. C'est pour ça qu'aujourd'hui on essaie d'aller le plus vite possible. On n'est pas du tout dans le scénario de 2016-2017.
Pourquoi le rayon autour des élevages est-il de 3 km ?
Cela fait partie des règles qui sont connues en matière de gestion des maladies animales. C'est ce qu'on appelle la zone de protection, une zone de 3 km qui est considérée généralement comme la zone de propagation de proximité qui est extrêmement difficile à maîtriser. C'est aussi un ajustement qui est fait par les services de l'État avec l'appui des scientifiques pour essayer de trouver le bon compromis. Pour l'instant, il est raisonnable en sachant qu'au fur et à mesure on va réévaluer la situation en fonction des éventuelles infections que l'on pourrait détecter à l'occasion de ces abattages.
Comment ce virus est-il arrivé en France ?
On sait qu'il est arrivé sur le territoire national par les couloirs de migration. On sait depuis plusieurs semaines que l'on assiste à un niveau de contamination tout à fait exceptionnel de l'avifaune sauvage et on en a la démonstration partout en Europe avec des centaines d'oiseaux qui ont été trouvés morts, notamment au nord de l'Europe. On a plusieurs foyers qui correspondent sans doute à des introductions par l'avifaune.
Peut-on vacciner en amont ?
C'est un outil qui, en matière d'influenza aviaire, est extrêmement délicat à manipuler. C'est très lourd à mettre en œuvre, très lourd à manipuler parce que cela nécessite une stratégie de test. L'objectif est d'éviter d'avoir une circulation silencieuse de l'influenza dans des populations qui seraient imparfaitement vaccinées. Ce serait le pire scénario parce que nous aurions un risque de propagation qui ne serait jamais détecté ou très tardivement avec un risque d'évolution du virus. Donc à ce stade, la vaccination n'est préconisée que si nous n'arrivions plus à maîtriser la situation sur le plan sanitaire.
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