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Grippe aviaire : "Nous sommes face à un risque biologique extrêmement difficile à contrôler", estime le professeur Jean-Luc Guérin

La propagation dans le Sud-Ouest de la France de cette épizootie "surprend les experts", explique Jean-Luc Guérin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Illustration élevage canards dans les Landes. (IROZ GAIZKA / AFP)

La grippe aviaire continue de gagner du terrain en France. Au 1er janvier, le pays comptait 61 foyers de grippe H5N8 dont 48 dans le département des Landes. Le Gers, département voisin, commence aussi à être touché. Au total, 600 000 canards doivent être abattus sur l’ensemble du territoire. Dans le même temps, la Chine a annoncé la suspension des importations de volailles en provenance de France. "Nous sommes face à un risque biologique extrêmement difficile à contrôler", estime le professeur Jean-Luc Guérin, de l’école vétérinaire de Toulouse, sur franceinfo mercredi 6 janvier.

franceinfo : Lorsqu’il y avait des abattages préventifs avant Noël, vous parliez "de course contre-la-montre" face au virus, elle a été perdue cette course ?

Jean-Luc Guérin : Nous sommes en difficulté clairement aujourd'hui, compte tenu de la fulgurance de la propagation de l'épizootie [épidémie qui touche les animaux] qui nous surprend et qui surprend aussi les experts. Depuis 2017, toute une série de mesures de biosécurité ont été mises en œuvre dans les élevages et dans les transports. Il est trop tôt, aujourd'hui pour comparer les propriétés du virus de cette année par rapport à 2017, mais en tout cas, on peut noter, l'extraordinaire contagiosité ce qui le rend extrêmement difficile à contrôler. Donc, il faut bien comprendre que nous sommes face à un risque biologique, extrêmement difficile à contrôler.

C'est comme pour les coronavirus, certains sont plus contagieux que d'autres ?

Il est trop tôt, nous n'avons pas encore les éléments de caractérisation du virus pour pouvoir faire cette comparaison. Mais les observations que l'on peut faire, et que j'ai eu l'occasion de faire sur le terrain, sont que dans un certain nombre de situations on a du mal à expliquer la contagion. Donc, effectivement, nous sommes en tout cas face à un risque de transmission qui est extrêmement sérieux.

Quelles mesures prendre ?

Dans l'immédiat, malheureusement, la seule stratégie qui ait du sens est une stratégie, de dépeuplement pour arriver à éteindre l'incendie. Il y a bien sûr des questions de logistique qui se posent évidemment pour aller suffisamment vite. Une fois que l'incendie sera éteint, on pourra se poser des questions, faire l'ensemble du retour d'expérience, caractériser un peu mieux les propriétés de ce virus pour essayer de mettre en œuvre une stratégie pour la prochaine année. Aujourd'hui, en toute franchise, il est trop tard de toute façon, pour envisager d'autres stratégies.

Des aides de l'État pour les éleveurs vont être indispensables, on n'est plus dans quelque chose de très localisé ?

En effet, nous ne sommes plus dans quelque chose de très localisé. Nous sommes dans quelque chose de très sérieux, avec des menaces maintenant dans le Gers, le département voisin où il y a aussi des zones à haute densité de volailles. Il y a aussi un enjeu extrêmement important de contenir la propagation.

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