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Grippe aviaire : "On pourra garder la même solution vaccinale pendant plusieurs années", rassure un scientifique

Deux vaccins expérimentés en France se sont avérés "très efficaces" selon l'Anses et le ministère de l'Agriculture pour prémunir des canards de la grippe aviaire.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un élevage d'oies du Périgord et de canards Mulard dans la ferme de la Garrigue Haute a Prats de Carlux en Dordogne. (MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS)

"On pourra garder la même solution vaccinale pendant plusieurs années", a rassuré vendredi 26 mai sur franceinfo Jean-Luc Guérin, professeur de pathologie aviaire à l'École Nationale Vétérinaire de Toulouse et directeur d’unité de l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement. L'Anses et le ministère de l’Agriculture ont annoncé jeudi 25 mai que deux vaccins expérimentés en France se sont avérés "très efficaces" pour prémunir des canards de la grippe aviaire. La perspective d’une vaccination nationale contre le virus rassure les éleveurs alors que le virus a recommencé à se répandre depuis début mai dans le Sud-Ouest, contaminant plus de 70 élevages, en particulier du Gers. Avec ces vaccins, "on a déjà des verrous qui sont levés", mais "maintenant, il y a toute une série de questions d'ordre réglementaire" et "financier" notamment qu’il "faut mettre en musique", prévient-il.
 
On évoque une vaccination en octobre alors que le virus se répand déjà. Est-ce trop tard pour cette saison ?
 
Jean-Luc Guérin. C'est toujours trop tard. Dans la course de vitesse, entre un virus et une solution vaccinale est toujours compliquée. On parle aujourd'hui prioritairement des canards et pas véritablement des dindes en première intention. Ce qui est la priorité du moment, c'est la vaccination des canards le plus tôt possible. D'un point de vue scientifique, les résultats des essais qui ont été menés entre l'Anses, l'Ecole vétérinaire et nos partenaires sont très positifs. D'un point de vue scientifique, on a déjà des verrous qui sont levés. Maintenant, il y a toute une série de questions d'ordre réglementaire sur l’enregistrement des vaccins, d'ordre financier sur le modèle économique de la vaccination, sur le scénario de vaccination, sur la logistique. Il faut évidemment des équipes pour vacciner. Il faut des équipes pour la surveillance. Tous ces éléments-là, il faut les mettre en musique le plus rapidement possible.
 
Faudra-t-il réactualiser le vaccin tous les ans selon les souches du virus ?
 
On a affaire au même type de virus qu'on appelle le Clade 2.3.4.4b. On pourra garder la même solution vaccinale pendant plusieurs années. S'il s'avérait qu'un nouveau virus complètement différent apparaissait, la question se poserait. Mais nous ne sommes pas dans une configuration qui nécessite la réactualisation permanente comme c'est le cas pour la grippe saisonnière chez l'homme.
 
Après la vaccination des canards, est-ce que cela remet en cause des labels du type bio par exemple ?
 
Il y a déjà des vérifications qui ont été faites. La probabilité de trouver des résidus est nulle. Tous les animaux que nous consommons sont vaccinés vis-à-vis d'autres maladies. Il n'y a rien de nouveau. Tous les animaux que nous consommons ont été vaccinés et heureusement. Les vaccins sont des solutions de progrès. Cette vaccination n'a rien de véritablement exceptionnel. D'un point de vue scientifique et technique, je ne comprends même pas la question.
 
Faudra-t-il garder les précautions de base malgré la vaccination ?
 
Le socle global de biosécurité et de surveillance va être toujours nécessaire. C'est nécessaire en termes de réassurance vis-à-vis de nos partenaires internationaux pour que l'on puisse garantir la maîtrise sanitaire vis-à-vis de l'influenza aviaire. Pour que nous ayons le "droit de vacciner" sans perdre un certain nombre de marchés pour certaines entreprises qui exportent, il faut que nous montrions que même si nous vaccinons, nous mettons tout en œuvre par ailleurs pour éviter une circulation silencieuse du virus. Et c'est tout l'enjeu, notamment de la surveillance. C'est un enjeu qui est évidemment très important et aussi, d'ailleurs, très lourd, très contraignant pour les producteurs et très très coûteux. Mais c'est absolument indispensable.

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