Grippe : "Il devient difficile de trouver des lits pour tout le monde" à l'hôpital
L'épidémie de grippe inquiète certains établissements hospitaliers qui peinent à trouver des lits pour accueillir les patients. Entretien avec le docteur Alain Sigal, responsable des urgences de la Croix-Rousse à Lyon.
"Les urgences sont aux limites de leurs capacités" à cause de la grippe, indique Marisol Touraine, mardi 11 janvier. Selon la ministre de la Santé, la moitié des patients de plus de 60 ans sont hospitalisés après leur consultation aux urgences. Une proportion qui atteint même 75% pour les plus de 80 ans.
Quelque 142 hôpitaux français sur 850 sont aujourd'hui "en tension" en raison de l'épidémie, faute de lits. Pour faire le point sur la situation, franceinfo a contacté le docteur Alain Sigal, responsable des urgences de la Croix-Rousse à Lyon.
Franceinfo : Quelle est la situation dans vos services ?
Alain Sigal : Ce matin, c'est relativement calme. Mais la situation reste tendue, avec notamment des difficultés pour hospitaliser les gens. En effet, il existe un phénomène d'accumulation, car les patients hospitalisés restent sept à dix jours en moyenne. Comme ils sont âgés, ils décompensent parfois d'autres pathologies associées. Par exemple, des problèmes cardiaques peuvent apparaître chez une personne venue consulter pour un phénomène infectieux grippal.
Aujourd'hui, êtes-vous "en tension" comme le dit la ministre ?
Nous sommes en surtension, oui. A cette période, nous hospitalisons normalement 13 patients par jour. Mais là, c'est autour de 22, avec des pics à 25. Nous avons peu de visibilité. C'est au jour le jour. Il devient difficile de trouver des lits pour tout le monde. Nous sommes obligés de dédoubler des chambres et de déprogrammer des interventions dans d'autres services. Nous avons également des réunions de crise régulières avec la direction.
Y a-t-il des consultations abusives dans les urgences ?
Pas vraiment. La grippe actuelle a pour caractéristique de toucher préférentiellement les personnes âgées, qui nécessitent en effet d'être hospitalisées. Lors des deux premières semaines, la moyenne de fréquentation a légèrement augmenté, de 70 passages à 80-85, avec des pics à 90. Pourtant, les hospitalisations ont doublé. Cette épidémie n'a pas d'effet de masse mais touche des populations vulnérables. Ce qui explique la situation difficile dans les hôpitaux.
La ministre regrette que le taux de vaccination soit trop faible parmi le personnel de santé. Qu'en est-il chez vous ?
Depuis octobre, la consigne a été très claire dans l'établissement. La campagne de vaccination a été forte pour que tout le personnel se vaccine, car il peut être un facteur de propagation. En revanche, je n'ai pas d'élément pour savoir si cette campagne a été entendue, et si certains services ont manqué d'adhésion.
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