Vaccination contre la grippe en pharmacie : déjà testé, le dispositif est jugé "efficace" par les pharmaciens
Cette année, tous les pharmaciens sont autorisés à vacciner contre la grippe. Pour Gilles Bonnefond, président de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine, invité sur franceinfo, l'expérimentation menée dans quatre régions a permis de vacciner 10% de patients en plus en deux ans.
La campagne de vaccination contre la grippe débute mardi 15 octobre, et il est désormais possible de se faire vacciner par son pharmacien qui a suivi une formation, dans toute la France, après une expérimentation menée dans quatre régions, la Nouvelle-Aquitaine, l'Auvergne-Rhône-Alpes, l'Occitanie et les Hauts-de-France.
Le dispositif testé "a été efficace puisqu'on a progressé sur les quatre régions en deux ans de 10% du nombre de patients vaccinés", a affirmé mardi 15 octobre sur franceinfo Gilles Bonnefond, président de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine.
franceinfo : Les pharmaciens, désormais autorisés à vacciner, ont dû suivre une formation théorique sur Internet et ont eu une journée pour la mettre en pratique. Est-ce suffisant ?
Gilles Bonnefond : Le geste n'est pas anodin, même s'il est simple. Ce n'est pas très compliqué. Le geste se fait en présentiel avec un entraînement. Avec le test mené dans les quatre régions, on a le recul. On a eu aucun accident ou difficulté pour les pharmaciens, et les patients n'ont eu aucun problème par rapport à ce geste assez simple d'injection. Donc, je ne me fais aucun souci sur le risque et l'apprentissage de ce geste. Et puis le pharmacien qui ne se sent pas prêt n'est pas obligé de vacciner. Il peut dire : "Moi cette année je ne le fais pas, je préfère attendre encore un an". Comme dans une pharmacie on a plusieurs pharmaciens, certains se forment et acceptent de le faire, et d'autres préfèrent attendre encore un an.
Dans les quatre régions test, les clients ont-ils eu des appréhension ?
Aucune appréhension ! C'est ce qui était assez surprenant. Ils ont trouvé cette proposition de vaccin en officine tout à fait naturelle. Ce sont eux qui nous ont sollicités, les pharmaciens n'ont pas fait de publicité pour recruter des patients, mais les patients nous ont dit : "J'ai entendu à la radio qu'on pouvait se faire vacciner, est-ce que vous le faites ? Je veux bien !" Dix minutes après, ils ressortaient avec le sourire en nous disant : "Qu'est-ce que c'est pratique ! On gagne du temps. L'année dernière, je n'avais pas de rendez-vous chez le médecin".
Et ça a été efficace ?
Ça a été efficace puisqu'on a progressé sur les quatre régions en deux ans de 10% du nombre de patients vaccinés. Du moment qu'on simplifie le parcours du patient, la facilité de se faire vacciner rend la vaccination beaucoup plus accessible pour les patients. On l'a vu sur les deux années d'expérimentation, ce sont les personnes qui ne s'étaient jamais vaccinées qui ont fait augmenter le taux de vaccination. C'est important car les patients reçevaient un bon à 65 ans, mais ne se vaccinaient pas pendant 2-3 ans. Le fait de se faire vacciner en pharmacie les a poussés à nous demander ce qu'était ce bon, et ont ensuite demandé à se faire vacciner. Une vaccination dure moins de 10 minutes. L'espace de confidentialité existe dans plus de 80% des pharmacies. On peut donc faire une offre globale sur le territoire qui a du sens. Après, la rémunération est à 6,30 euros, le même tarif qu'avec une infirmière. Au vu de l'enjeu de santé publique, de reconquérir l'acte de vaccination, de travailler sur le respect du calendrier vaccinal... Au-delà de la grippe, d'éviter que la rougeole ne reprenne du terrain sur le territoire français alors qu'elle devrait être éradiquée, si on peut contribuer à ce travail de reconquête de l'acte vaccinal et de la compréhension de l'intérêt de la vaccination, on fait notre boulot.
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