Hôpital du Rouvray : des « conditions de prise en charge indignes »
« Des dysfonctionnements extrêmement graves et des conditions d’hébergement en chambre tout à fait inacceptables. » Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, est venue sur le plateau du Magazine de la santé pour présenter son rapport sur l'hôpital psychiatrique du Rouvray en Seine-Maritime.
Des dysfonctionnements extrêmement graves
Adeline HAZAN, CGLPL : « Il y a deux ou trois personnes dans la même chambre. Parfois des lits sont même installés dans les bureaux des médecins et des sauts hygiéniques sont mis à la place des sanitaires… Ce sont des conditions vraiment dégradantes.
Nous avons aussi constaté une liberté d’aller et venir contenue de façon inadmissible. Des patients qui viennent se faire hospitaliser de leur propre gré, pour une dépression nerveuse par exemple, se retrouvent dans des unités fermées parce que 21 des 23 unités sont fermées. Donc ils ne peuvent pas aller et venir alors que normalement, quand on est hospitalisé librement on doit pouvoir le faire ! »
Des patients mineurs en danger
Pour les patients qui sont hospitalisés sans leur consentement, pour des raisons qui ne tiennent pas du tout, ils sont placés en chambre d’isolement. Ils sont vraiment enfermés avec du matériel insuffisant.
Et puis dernier point qui nous a vraiment choqué : ce sont des pré-adolescents de 11, 12 ou 13 ans qui sont hospitalisés avec des majeurs. Ceci, nous le déconseillons fortement en tout cas si jeunes. »
Multiplication des situations inacceptables
Adeline HAZAN, CGLPL : « On fait 4 ou 5 visites d'hôpital psychiatrique par mois. On observe trop souvent des situations qui ne sont pas à ce niveau-là de gravité mais qui sont tout à fait insatisfaisates pour les patients. C’est la raison pour laquelle sans attendre la rédaction d’un rapport qui prend forcément quelques mois, j’ai souhaité faire une recommandation en urgence. C’est-à-dire que j’ai saisi la ministre de la Santé immédiatement au retour de notre visite au mois d’octobre. »
En 2018, les soignants en grève demandaient la création de 52 postes. Ils en ont obtenu 30 mais selon eux cela ne suffit pas pour palier les manques. Un mouvement de grève a été relancé en septembre dernier pour exiger d’autres embauches.
Adeline HAZAN, CGLPL : « Il faut des moyens supplémentaires c’est évident. Notamment sur les conditions d’hébergement mais aussi sur le personnel. La direction ne pourra pas faire mieux si elle ne bénéficie pas d’un budget supplémentaire. Donc c’est aux autorités publiques, en l’occurrence la ministre de la Santé, de prendre ses responsabilités pour que cette situation ne perdure pas.
La situation de la psychiatrie en France est vraiment dramatique. Il va falloir que les autorités de ce pays en prenne conscience et en tirent les ocnséquences. »
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