Kératose solaire : un traitement par gel suspendu du marché
La fin du traitement par Picato ? L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en garde le 17 janvier 2020 contre l'utilisation du gel de Picato pour traiter la kératose solaire, des lésions de la peau dues à un excès de soleil. En cause : un risque potentiel de cancer sur la zone où ce gel a été appliqué.
A lire aussi : Excès de soleil, ça chauffe pour notre peau !
"Risque potentiel de cancer cutané"
La commission européenne a en effet décidé, sur recommandation de l'agence européenne des médicaments (EMA), de suspendre l'autorisation de mise sur le marché européenne du médicament Picato (mébutate d’ingénol) dans l'attente des conclusions de sa réévaluation.
La décision européenne fait suite à la "réévaluation en cours du rapport bénéfice/risque de ce médicament, engagée au mois de septembre 2019 au regard de nouvelles données disponibles sur le risque potentiel de cancer cutané dans la zone traitée par ce médicament" précise l’ANSM dans un point d’information.
"Plusieurs études ont montré qu'avec le Picato, on a un nombre de cancers cutanés supérieur à celui observés avec les traitements alternatifs qui apparaissent plus efficaces", explique à l’AFP Alban Dhanani, directeur des médicaments en dermatologie à l'ANSM. C'est donc une suspension par précaution au regard d'un sur-risque de cancer (carcinome épidermoïde) très bien pris en charge, ajoute-t-il.
Arrêter ce traitement "n’a pas de conséquence"
L’ANSM demande donc aux médecins de ne pas initier ni renouveler ce traitement, aux pharmaciens de ne plus le délivrer et aux patients de stopper son utilisation. "Il s'agit d'un traitement court, deux à trois jours, et l'arrêter n'a pas de conséquence" rassure Alban Dhanani. "Il existe d'autres traitements locaux à mettre sur la peau (le 5-FU et l'imiquinod)" en crème, ajoute-t-il.
Selon l’ANSM, les patients qui ont utilisé le gel Picato dans le passé n'ont pas à s'inquiéter mais doivent rester attentifs à "toute apparition de nouvelle lésion cutanée, d’excroissance ou de tout symptôme inhabituel".
Consulter son médecin une fois par an
La kératose solaire ou kératose actinique se traduit par une ou plusieurs lésions croûteuses un peu rougeâtres, rugueuses au toucher et situées principalement au niveau des parties du corps exposées au soleil (visage, cuir chevelu ou crâne dégarni, bras, mains...). "Elles apparaissent essentiellement chez les plus de 60 ans", précise Alban Dhanani, et nécessitent de consulter une fois par an un dermatologue ou un médecin généraliste.
Ce contrôle est indispensable car la kératose solaire elle-même peut être à l'origine de cancer cutané. Ces lésions qui peuvent être un signe précurseur de cancer de la peau, évoluent très lentement et sont sans gravité à condition d'être dépistées et traitées rapidement, souligne l'agence sanitaire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.