L'article à lire pour comprendre l'épidémie de rougeole qui sévit en France
Une nouvelle épidémie de rougeole s'est déclarée ces dernières semaines dans l'Hexagone. Le gouvernement appelle la population à se faire vacciner.
De fortes fièvres, des plaques rouges un peu partout… La rougeole a fait son retour en France depuis quelques mois. En plein débat sur la vaccination obligatoire, cette nouvelle épidémie inquiète les autorités. A Poitiers, une femme de 32 ans qui n'était pas vaccinée est morte début février. Franceinfo répond aux questions que vous pouvez vous poser sur cette maladie et ses conséquences.
C'est quoi, déjà, la rougeole ?
Comme l'explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur son site, la rougeole est "une maladie virale grave extrêmement contagieuse". Le virus se transmet par contact direct ou par l'air, via les voies respiratoires. Il provoque une forte fièvre, de la toux, des yeux rouges et une éruption de petites taches très rouges.
Cette éruption "apparaît d'abord sur le visage : derrière les oreilles, sur le front, sur les joues, puis sur le cou, le haut du corps pour atteindre les pieds autour du troisième jour", précise le site de l'Assurance-maladie. Le tout s'accompagne d'une grande fatigue. Souvent bénigne, cette maladie "dure en général une dizaine de jours". L'OMS précise qu'il n'existe pas de traitement "antiviral spécifique" contre la rougeole.
On peut vraiment en mourir ?
Oui. Dans "environ 30% des cas", les choses se compliquent, précise l'Assurance-maladie. La rougeole peut dégénérer en otite aiguë, en laryngite ou en diarrhée, voire vers des pathologies qui nécessitent l'hospitalisation du patient : pneumonie, kératoconjonctivite – infection de l'œil –, atteinte du foie ou des reins, complications neurologiques type encéphalite.
Sur les plus de 24 500 cas de rougeole enregistrés du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2017 en France, plus de 1 500 malades ont développé une pneumonie grave et 38 une complication neurologique, indique Santé publique France. Des complications qui peuvent conduire à la mort : la maladie a fait 21 victimes depuis 2008.
Et en ce moment, il y a vraiment une épidémie ?
Oui, vraiment. Partie de la région de Bordeaux début novembre, l'épidémie n'a cessé depuis de s'étendre, avec 913 cas recensés dans le pays depuis novembre, a indiqué la Direction générale de la Santé le 14 mars. Si 50% des cas se sont déclarés dans la région Nouvelle- Aquitaine, 59 départements français sont touchés.
La diffusion du virus – un malade peut contaminer 15 à 20 personnes – s'accélère. Il y a eu, sur le dernier mois, un tiers de cas de plus que sur les trois mois et demi précédents. L'un d'entre eux, à Poitiers, a été fatal, début février, à une femme de 32 ans jamais vaccinée.
La situation pourrait encore empirer ?
La tendance actuelle "nous fait craindre une épidémie d'ampleur importante comme celle que nous avons observée en France entre 2008 et 2012", a déclaré à la presse le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Pour l'instant, on est encore loin des 23 000 cas enregistrés à cette époque-là, dont près de 15 000 rien qu'en 2011.
Mais la seule protection efficace, à savoir la généralisation du vaccin, manque toujours. "L'élimination de la rougeole est un objectif prioritaire de l'Organisation mondiale de la santé (...) Pour cela, il est nécessaire d'atteindre un objectif de couverture vaccinale de 95% chez les personnes à risque", explique Jérôme Salomon. La France a beaucoup à faire pour parvenir à ce seuil. La couverture avec la seconde dose de vaccin, qui garantit l'immunité, varie en fonction des départements entre 62 et 88%, d'après des données de Santé publique France.
Est-ce que je fais partie des personnes à risque ?
Si vous êtes né après 1980, date à laquelle la maladie a nettement reculé, vous faites partie des personnes à risque. Car ceux qui sont plus vieux ont, d'après le ministère, "probablement déjà eu la rougeole", qui touchait à une époque des centaines de milliers d'enfants chaque année. Individuellement, avoir déjà souffert de la maladie protège au moins aussi bien que le vaccin. Dans l'épidémie actuelle, "près de 9 cas de rougeole sur 10 sont survenus chez des personnes non ou incomplètement vaccinées", souligne la Direction générale de la santé.
Si je ne suis pas vacciné, je fais quoi ?
Ne cherchez pas à éviter la piqûre. Comme l'expliquait le 14 mars la Direction générale de la santé, "la vaccination est la seule protection individuelle et collective contre la rougeole". Il faut donc nécessairement en passer par là, en demandant au médecin de vous administrer un vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole). Chez l'adulte, il faut administrer deux doses, avec un délai d'un mois entre les deux.
Si l'ensemble des personnes à risque vérifie son statut vaccinal et si l'on peut protéger l'entourage d'un cas de rougeole, on pourra stopper la dissémination du virus et endiguer cette épidémie.
Jérôme Salomon, directeur général de la santéà franceinfo
Il est remboursé, ce vaccin ?
Plus ou moins. Pour les enfants âgés de 1 à 17 ans, la vaccination est remboursée à 100%. Pour l'adulte, le taux de remboursement est de 65%. Comme le précise la base de données du gouvernement sur le prix des médicaments, le vaccin ROR coûte 14,50 euros la dose.
J'ai eu la flemme de tout lire. Vous pouvez me faire un résumé ?
La rougeole est une maladie virale très contagieuse. Généralement bénigne, elle peut entraîner de graves complications, comme une pneumonie ou une encéphalite. Parfois, le patient meurt, comme c'est arrivé à Poitiers début février. Depuis novembre 2017, 913 personnes sont tombées malades en France, principalement en région Nouvelle-Aquitaine.
Le gouvernement est inquiet parce que la couverture vaccinale – seul moyen de stopper un virus qui n'a pas de traitement – oscille entre 62 et 88% selon les départements alors qu'il faudrait un taux de 95% pour stopper la circulation du virus. Les personnes nées après 1980 – une période à partir de laquelle la rougeole a fortement reculé – sont invitées à vérifier qu'elles sont bien vaccinées.
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