L'Éducation nationale veut briser le tabou de l'endométriose
L'endométriose se caractérise par la présence de cellules d'origine utérine en dehors de l'utérus, qui réagissent aux hormones lors des cycles menstruels, entraînant notamment des douleurs et des saignements.
Sa méconnaissance par les patientes, le grand public et - parfois - par le corps médical "en fait une maladie taboue [qui] génère un important retard de diagnostic, en moyenne de sept années, pendant lesquelles la maladie progresse", générant "des troubles plus difficiles à traiter, parfois irréversibles", a souligné le docteur Dr Chrysoula Zacharopoulou, avant la signature d'une convention entre l'association Info-Endométriose et le ministère de l'Éducation.
"Nous sommes en 2016, et cependant les maladies féminines restent encore taboues, indicibles, et leurs répercussions sur la vie des femmes bien souvent sous-estimées", a déploré Najat Vallaud-Belkacem, pointant des "préjugés tenaces" selon lesquels "les femmes seraient fragiles par nature". Or "souffrir, c'est le signe que l'on est malade". La ministre a rappelé que l'endométriose était également "la première cause d'infertilité chez les femmes".
Grâce à la convention signée avec Info-Endométriose, représentée par le Dr Zacharopoulou et la comédienne Julie Gayet, "les jeunes filles qui ont des règles douloureuses [seront incitées] à consulter le plus tôt possible", a précisé la ministre. Des affiches, flyers ou livrets seront distribués dans les établissements. Infirmières et enseignants seront formés. Les conseils de vie collégienne et lycéenne seront aussi associés.
Mettre un nom sur la douleur
"Cette campagne peut être très bien, déjà dans les infirmeries, parce que ça motiverait plus de filles à consulter", a estimé lors de la conférence Natacha, qui vient de terminer le lycée et qui a raconté comment la maladie a affecté sa scolarité. "En seconde, j'ai eu ma première crise, des douleurs très intenses, qui font que parfois je pleure, parfois je suis pliée", a expliqué la jeune fille, dont la souffrance a été "prise à la légère" par l'infirmière et les professeurs.
Elle a totalisé 350 heures d'absence au lycée, sans qu'aucun professeur ne l'aide en lui donnant les cours, a-t-elle relaté. Diagnostiquée en début d'année et soignée, elle a pu passer le bac "en toute tranquillité", alors qu'elle craignait auparavant de "perdre une année" en cas de crise pendant l'examen. "C'est assez agréable de savoir ce qu'on a, de pouvoir poser un mot sur nos douleurs, de nous dire qu'on n'est pas folle."
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