Papillomavirus : quatre questions sur la généralisation de la vaccination pour les élèves volontaires dès la classe de 5e
Tous les élèves de 5e pourront se faire vacciner contre les papillomavirus au collège dès la prochaine rentrée de septembre 2023, a annoncé, mardi 28 février, le président de la République au cours d'un déplacement dans un collège de Jarnac en Charente. Le but est de protéger les adolescents contre ces virus qui provoquent chaque année des milliers de cancers. L'infection au papillomavirus est responsable de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers chaque année chez l'homme et la femme.
1 Qui est concerné par le papillomavirus ?
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les papillomavirus ne provoquent pas que des cancers féminins, de l'utérus ou du vagin. Ces virus, qui se transmettent par relations sexuelles, provoquent aussi des cancers chez les hommes : de l'anus mais aussi de la sphère ORL, la partie du corps humain comprenant les oreilles, le nez et la gorge.
Pour éviter des lésions qui peuvent déboucher des années plus tard sur des cancers, il y a un vaccin, très efficace, préconisé chez les jeunes entre 11 et 14 ans, mais aussi en rattrapage jusqu'à 19 ans. Pourtant aujourd'hui, seulement 37% des filles et 9% des garçons sont vaccinés. Emmanuel Macron lance donc une grande campagne de vaccination gratuite, dans tous les collèges, pour les élèves de 5e, dès la rentrée. Et puis, pour généraliser la vaccination en dehors du collège, à partir du mois de septembre, les pharmaciens, les sages-femmes et les infirmiers pourront à leur tour prescrire le vaccin et l'administrer.
2 Comment va se dérouler cette campagne de vaccination au collège ?
La campagne de vaccination va se dérouler sur le modèle de l'expérimentation qui a été menée dans le Grand Est pendant deux ans. Le personnel du centre de vaccination se rend dans l'établissement pour une première séance d'information, puis deux autres séances de vaccination sont organisées, pour la première et la deuxième dose, cela se fait à six mois d'intervalle.
Il n'y aucune obligation, les élèves à partir de la classe de 5e pourront se faire vacciner par le médecin ou l'infirmière scolaire à leur demande. L'expérimentation du Grand Est a montré son efficacité. La première année, un quart des élèves qui n'étaient pas à jour se sont fait vacciner contre le papillomavirus.
3 Pourquoi ce vaccin ne séduit pas davantage les Français ?
il y a plusieurs explications possibles. Tout d'abord, le cout du vaccin de presque une centaine d'euros. remboursé à 65% par l'assurance maladie et le reste est à la charge de la mutuelle. Une autre raison possible : l'infection reste rare. Huit personnes sur dix seront exposées au papillomavirus au cours de leur vie mais le plus souvent cette infection sexuellement transmissible ne provoque pas de symptômes et cela n'a pas d'impact sur la santé. Sauf dans 10% des cas, où l'infection devient persistante et peut provoquer des lésions précancéreuses et éventuellement des cancers (6 300 nouveaux cas par an). Il y a aussi la méfiance des Français vis-à-vis des vaccins avec la peur des effets secondaires. Or les études montrent que ce vaccin est efficace à plus de 86% et qu'il ne provoque pas de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaque.
4 La France est-elle en retard par rapport aux autres pays ?
La France est très en retard si on se compare à nos voisins européens. La couverture vaccinale en 2020 en Europe atteint les 50% dans 20 pays. On dépasse même les 70-75% dans 11 pays, souvent les pays scandinaves Finlande, Norvège, Suède ou même Danemark ou l'on atteint 85% de vaccination chez les filles et les garçons. La vaccination est aussi élevée dans des pays de l'Est de l'Europe, comme la Hongrie ou encore du sud avec l'Espagne et le Portugal.
À l'inverse, les chiffres sont bien plus bas en France, parmi même les plus faibles d'Europe, puisque seulement 37% des filles sont vaccinées. Un chiffre en amélioration puisqu'on était encore à moins de 30% en 2018, mais on est loin de l'objectif du plan cancer qui visait 60% de vaccinées. Chez les garçons, c'est encore pire, puisque seulement 9% des adolescents ont été vaccinés.
En France, le vaccin contre les infections à papillomavirus est recommandé chez les filles depuis 2007, et chez les garçons seulement depuis deux ans. Alors que dans plusieurs pays, la vaccination est ouverte aux filles et aux garçons depuis bien plus longtemps, ce qui augmente la couverture vaccinale. L'Australie est par exemple l'un des pays pionniers sur la vaccination. Depuis 2007, le pays effectue des campagnes de vaccination auprès des adolescentes et depuis 2013 auprès des garçons, soit presque dix ans plus tôt que la France. Cette avance permet aujourd'hui de mesurer les résultats. Entre 2005 et 2015, le pourcentage de femmes atteintes du papillomavirus est tombé en Australie de 23% à 1%. Le pays vise même à être le premier au monde à éradiquer le cancer du col de l'utérus provoqué par le papillomavirus.
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