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Quatre questions sur l'épidémie de rougeole qui a fait une victime en France

Une femme est morte de la rougeole au CHU de Poitiers, le 10 février. Les autorités de santé rappellent qu'il n'existe pas de traitement et que seule la vaccination permet d'éviter la contamination.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Une campagne de vaccination à Lyon (Rhône), le 29 avril 2013. (AUBERT / BSIP / AFP)

Une femme de 32 ans est morte de la rougeole samedi 10 février au CHU de Poitiers (Vienne), a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, mardi 13 février. La patiente, qui n'était pas vaccinée contre la maladie, selon l'agence, avait été hospitalisée le 1er février. Il s'agit de la première victime française d'une épidémie qui a débuté en novembre, en plein débat sur la vaccination obligatoire souhaitée par le ministère de la Santé.

Quelle est l'ampleur de l'épidémie de rougeole ?

387 cas depuis novembre 2017. L'épidémie de rougeole sévit en Nouvelle-Aquitaine depuis novembre 2017. Elle "persiste" dans la région, selon l'ARS, qui recense 269 cas confirmés, dont 66 qui ont nécessité une hospitalisation. Quatre de ces patients ont dû être admis en réanimation. Ces chiffres ont plus que doublé depuis le 24 janvier, quand l'ARS comptait 115 cas, dont 32 hospitalisations. L'épidémie touche essentiellement la Gironde et la Vienne, où se trouvent les grosses agglomérations de Bordeaux et Poitiers. Sur l'ensemble du territoire français, la Direction générale de la santé a recensé 387 cas, dont 83 hospitalisations, depuis le 1er novembre.

Onze morts depuis 2008. Cette épidémie n'est pas nouvelle en France. Depuis 2008, après plusieurs années de recul, la rougeole a causé la mort de 11 personnes. Du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2016, plus de 24 000 cas de rougeole ont été déclarés en France, selon les chiffres les plus récents de l'Institut de veille sanitaire (InVS). "Près de 1 500 cas ont présenté une pneumopathie grave, 34 une complication neurologique (31 encéphalites, 1 myélite, 2 Guillain-Barré)", précise l'InVS.

Comment l'expliquer ?

Une couverture vaccinale insuffisante. Pour les autorités de santé, il ne fait aucun doute que la trop faible couverture vaccinale est en cause. L'annonce de la mort d'une patiente "renforce la nécessité, pour l'ensemble de la population, de vérifier rapidement sa vaccination, seul moyen de stopper l'épidémie", souligne l'ARS. Selon l'agence, "la couverture vaccinale en Nouvelle-Aquitaine est actuellement insuffisante pour faire face à cette épidémie". Elle varie de 70,8% à 81% selon les départements, alors que l'Organisation mondiale de la santé recommande une couverture de 95%. "Sur tous les cas de rougeole connus en Europe, du 1er décembre 2016 au 30 novembre 2017, 87% n'étaient pas vaccinés", estime le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (en anglais).

Une maladie très contagieuse. Un malade peut contaminer jusqu'à 20 personnes. Le CHU de Poitiers estime que cinq des personnes hospitalisées ces dernières semaines "ont pu contracter la maladie au contact d'un autre patient au CHU de Poitiers lors de l'apparition des premiers cas". L'établissement a donc "décidé d'imposer le port d'un masque pour toute personne se présentant aux services d'urgences adultes et pédiatriques", une mesure étendue aux services "dont les patients présentent une fragilité particulière".

D'autres pays sont-ils concernés ?

Près de 90 000 décès dans le monde en 2016. La rougeole est plus fréquente dans les pays en développement et touche plus de 20 millions de personnes chaque année, selon l'OMS. L'Organisation a recensé 89 780 décès à cause de la rougeole en 2016 dans le monde, "dont une majorité d'enfants de moins de 5 ans". C'est la première fois que ce chiffre est inférieur à 100 000 par an. En 2015, la rougeole avait tué "134 200 enfants de moins de 5 ans dans le monde, soit de 350 à 400 enfants par jour", rappelle Le Monde

Cinquante morts dans l'Union européenne depuis 2016. Grèce, Italie, Roumanie, Royaume-Uni, Suède… Nos voisins européens sont aussi touchés : la rougeole a tué 50 personnes dans l'UE depuis 2016, dont 38 en Roumanie, selon le dernier rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (PDF en anglais). L'an dernier, devant l'ampleur de l'épidémie, qui a causé la mort de quatre personnes, dont trois enfants, le gouvernement italien a rendu dix vaccins obligatoires pour l'entrée à l'école.

Pourquoi la rougeole peut-elle être mortelle ?

Un virus qui attaque le système respiratoire. La rougeole ne provoque pas qu'une éruption cutanée et de la fièvre. Elle est due à un paramyxovirus du genre morbillivirus, qui provoque des lésions de l'appareil respiratoire et du système nerveux. "La rougeole n'est pas une maladie bénigne", insiste l'ARS. La plupart des décès sont liés aux complications de la maladie, plus fréquentes avant l'âge de 5 ans ou chez l'adulte de plus de 30 ans. Parmi les complications les plus graves, l'OMS cite "des cécités, des encéphalites (qui peuvent s'accompagner d’œdèmes cérébraux), des diarrhées sévères (susceptibles d’entraîner une déshydratation), des infections auriculaires et des infections respiratoires graves comme la pneumonie". Contractée pendant la grossesse, la rougeole peut également donner lieu à de graves complications et entraîner une fausse couche. 

Aucun traitement n'existe. Comme le rappellent les autorités de santé, aucun traitement antiviral spécifique contre la rougeole n'existe, seuls certains symptômes peuvent être traités. "Une prise en charge clinique appropriée permet d'éviter les complications graves de la rougeole", explique l'OMS. Le malade doit être correctement nourri et recevoir un traitement contre la déshydratation. Des antibiotiques peuvent servir à traiter les infections oculaires et auriculaires, ainsi que la pneumonie.

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