Rebond de la coqueluche : les chiffres "nous inquiètent beaucoup", témoigne le président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique
Les chiffres de la coqueluche, qui marque un rebond ces derniers mois, "nous inquiètent beaucoup", témoigne le professeur Robert Cohen, pédiatre et infectiologue au centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique, sur franceinfo mercredi 5 juin. Près de 6 000 cas ont été recensés sur les cinq premiers mois de l'année, bien plus que sur tout 2023, selon des données de l'Institut Pasteur.
"Le risque essentiel de la coqueluche, ce sont les tout-petits nouveau-nés, les nourrissons de moins de quatre mois, qui n'ont pas encore eu le temps d'être vaccinés", car "ce sont eux qui font les formes graves de la maladie", poursuit le pédiatre. Il explique que "pratiquement tous les nourrissons qui attrapent la coqueluche avant trois mois doivent être hospitalisés". "Une partie importante d'entre eux va passer en réanimation, et puis on sait qu'une partie mourra", ajoute-t-il. Pour les adultes en bonne santé, "la coqueluche est une maladie importante, traînante, invalidante, gênante, mais elle ne met pas en jeu le pronostic vital".
Une "dette immunitaire" après le Covid
Le vaccin contre la coqueluche s'administre en deux fois, avec une première dose à deux mois et une deuxième à quatre mois. "Le temps que le vaccin soit actif, il faut deux doses", précise l'infectiologue. Il y a ensuite un rappel à 11 mois. "La solution recommandée depuis des années, c'est la vaccination de la femme enceinte entre le deuxième et le troisième trimestre, parce qu'elle transmet ses anticorps à l'enfant", et ainsi "elle le protège", explique le professeur Robert Cohen. D'après lui, "on n'est pas bons là-dessus, la recommandation n'est pas très ancienne, elle date de deux ans simplement et elle n'est pas encore suffisamment appliquée".
"Le traitement ne suffit pas, la prévention c'est la chose la plus importante."
Robert Cohen, pédiatre et infectiologuesur franceinfo
Le président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique donne trois explications pour ce rebond des cas de coqueluche. D'abord, "on a, tous les trois ou quatre ans, un cycle plus ou moins important de coqueluche" et "cette année il est particulièrement important", selon lui. Ensuite, "les couvertures vaccinales, en dehors de la femme enceinte, chez l'adulte autour des enfants en particulier", ne sont pas suffisantes. Enfin, les restrictions sanitaires prises pendant le Covid ont provoqué une "dette immunitaire" et "maintenant on a un rattrapage qui est extrêmement important", non seulement pour la coqueluche, mais aussi pour "une bonne dizaine" d'autres maladies.
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