Sécurité sociale : les associations de patients souffrant d'affections longue durée s'inquiètent du projet de réforme de leur prise en charge

Dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé, 25 associations de malades chroniques craignent que le dispositif ALD de la Sécurité sociale ne soit remis en cause après les déclarations du gouvernement.
Article rédigé par franceinfo
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Un patient en surveillance de dyalise rénale longue durée de nuit. (photo d'illustration) (DENIS SOLLIER / MAXPPP)

Les associations de patients s'inquiètent de la remise en question du système de prise en charge des affections longue durée, dans une lettre ouverte publiée mercredi 6 mars. Ces maladies chroniques lourdes, également appelées les "ALD", 20% des Français en souffrent. Être classé ALD, cela signifie que les dépenses de santé sont prises en charge intégralement par la Sécurité sociale. Le ministre de la Santé Frédéric Valletoux a dit vouloir "interroger la pertinence" du dispositif.

Le ministre de la Santé se défend de vouloir faire des économies. Mais dans le contexte où le gouvernement envisage dix milliards d'euros d'économies tous secteurs confondus, Frédéric Valletoux reconnaissait fin février à l'Assemblée nationale qu'une réflexion était en cours sur le dispositif des affections longue durée : "Vous savez que les affections longue durée concernent 20% de nos concitoyens, c'est-à-dire 13 millions de Français qui sont ainsi accompagnés dans leur pathologie. Cela représente les deux tiers des remboursements par l'Assurance maladie. Et donc, il n'est pas illégitime, ni illogique, comme cela a été fait régulièrement, d'interroger la pertinence de ces dispositifs", a déclaré le ministre dans l'hémicycle.

"On sait aussi que ces ALD, avec le vieillissement de la population et la montée des pathologies chroniques, vont faire que ces enveloppes-là ne vont ne faire qu'augmenter."

Frédéric Valletoux, ministre de la Santé

devant les députés


Mercredi, dans le journal Le Monde, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'interroge sur "la dérive des dépenses liées aux ALD". Pour le moment, il n'y a pas plus de détails sur cette réflexion et sur la suite. Mais les associations de patients en ALD s'inquiètent pour les 13 millions de Français qui souffrent de cancer, d'Alzheimer ou encore de diabète et qui bénéficient du système d'ALD. Il s'agit, en clair, des Français les plus malades, avec les pathologies les plus lourdes. Et c'est le principe de la Sécurité sociale française, leurs dépenses de santé sont prises en charge intégralement par la solidarité nationale.

Ce sont leurs dépenses "Sécu", qui sont prises en charge, les patients doivent tout de même s'acquitter de restes à charge importants, comme le rappelle Féreuze Aziza, chargée de mission Assurance maladie à France Assos Santé, invitée mercredi sur franceinfo. Les soins liés à l'ALD "sont pris en charge à 100% des tarifs de la Sécurité sociale", mais il existe aussi "des dépassements d'honoraires", "des franchises médicales" ou encore "le forfait journalier hospitalier" dont ces malades "ne sont pas exonérés". "Ce sont des dépenses qui sont à la charge des malades", affirme Féreuze Aziza.

"C'est ce qui nous fait craindre le pire pour ces malades"

Dans leur lettre ouverte, les associations refusent un "démantèlement" du dispositif des ALD. L'association Renaloo, qui représente des malades du rein explique par exemple que "oui, la survie des patients dialysés coûte un 'pognon de dingue', près de 63 000 euros par an et par patient, mais c'est tout à l'honneur de notre pays."

"Cela permet à 57 000 personnes en France de rester en vie, alors que leurs reins ne fonctionnent plus."

Association Renaloo

dans une lettre ouverte


La lettre ouverte explique aussi qu'il ne faut pas culpabiliser les patients. Ils n'ont pas choisi d'être gravement malades. Elle explique enfin que ce n'est pas dans les poches des patients, les maillons les plus fragiles du système, qu'il faut chercher de l'argent. "On va faire des économies sur le dos des malades", a également dénoncé Féreuze Aziza, chargée de mission Assurance maladie à France Assos Santé. "Ça inquiète, confie-t-elle, on met en parallèle la recherche d'économies, l'interrogation sur le dispositif ALD et le coût des maladies chroniques."

Pour France Assos Santé, "il faut plutôt essayer d'éviter les maladies chroniques plutôt que d'éviter les malades. On ne va pas faire disparaître les malades en révisant les remboursements ou en s'attaquant au panier de soins". Féreuze Aziza "partage tout à fait les constats" du ministre de la Santé qui pointe que le coût de la prise en charge des maladies chroniques va augmenter du fait de leur hausse. Mais elle plaide pour plus de "prévention" en ayant "le courage d'investir sur le plus long terme" avec une "vision pluriannuelle du financement de la santé".

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