Et si l'insomnie était génétique ?
Difficulté à s'endormir, réveils nocturnes, manque de sommeil ... environ 770 millions de personnes dans le monde souffrent d'insomnie chronique. Selon deux études publiées par deux équipes de chercheurs le 25 février dans la revue Nature Genetics, ce trouble aurait une composante génétique. Leurs travaux révèlent son association avec des centaines de variations de l'ADN. Ils montrent également son implication dans le développement de l’anxiété, de la dépression et des maladies cardiométaboliques.
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Au moins 57 régions de l'ADN liées à l'insomnie
La première étude a été menée par une équipe de recherche internationale du Massachusetts General Hospital et de l'Ecole de médecine de l'Université d'Exeter. Les scientifiques ont identifié 57 régions génétiques associées à l'insomnie. Jusqu'à présent, les gènes connus potentiellement liés à ce trouble du sommeil n'étaient que quatre. Ces nouveaux résultats confirment donc la piste génétique et pourraient permettre de mieux comprendre les mécanismes biologiques impliqués. Avec d'éventuels nouveaux traitements à la clé.
Car en analysant les données de 450 000 participants de la base de données de la biobanque britannique, les chercheurs ont découvert que les parties de l'ADN "incriminées" sont impliquées dans la production de protéines exprimées dans diverses régions du cerveau, du muscle squelettique et de la glande surrénale.
Par ailleurs, certains des gènes identifiés sont connus pour leur lien avec des pathologies des artères coronaires et du syndrome des jambes sans repos. Ce qui rejoint en partie une "association" déjà connue entre l’insomnie et les maladies cardiométaboliques.
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Les circuits cérébraux de l'insomnie
La deuxième étude menée par des chercheurs de l'Université d'Amsterdam confirme les résultats de la première et va même plus loin. Ils ont analysé les données d'un million trois cent mille personnes de la biobanque britannique et de la société américaine 23andme. Ils ont ainsi identifié 956 variations génétiques qui contribuent au risque de développer une insomnie.
Ils ont découvert que certaines de ces variations concernaient des gènes dont l'activité est liée à des régions cérébrales comme le cortex frontal et les noyaux sous-corticaux, déjà connus pour leur implication dans l'insomnie. D'autres gènes ainsi mis au jour régulent la fonctionnalité des axones, les "câbles" des neurones qui permettent la communication entre les cellules neuronales.
Étonnamment, ces chercheurs ont trouvé peu de liens entre les gènes de l’insomnie et les gènes impliqués dans d'autres traits du sommeil. Ils ont identifié par contre une forte similitude génétique avec la dépression et l'anxiété. "Un résultat très important, car nous avons toujours recherché les causes de l'insomnie dans les circuits du cerveau qui régulent le sommeil. Nous devons déplacer notre attention sur les circuits qui régulent les émotions, le stress et la tension. Nos premiers résultats dans cette direction sont déjà spectaculaires" , affirme Van Someren auteure de l’étude.
Par Camilla de Fazio
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