Nobel de médecine sur l'horloge biologique : le sommeil est désormais "au cœur du débat scientifique"
Le chef de service au Centre du sommeil et de la vigilance de l'Hôtel-Dieu à Paris, Damien Léger, salue l'attribution du prix Nobel de medecine à trois généticiens pour leur étude sur l'horloge biologique. Un sujet que les médecins ont "parfois du mal à le considérer comme un facteur scientifique".
Le prix Nobel de médecine a été attribué, lundi 2 octobre, à trois généticiens américains pour leur étude sur l'horloge biologique, et leur découverte "des mécanisme moléculaires qui règlent le rythme circadien". Une découverte "formidable" selon Damien Léger, chef de service au Centre du sommeil et de la vigilance de l'Hôtel-Dieu à Paris, car le "sommeil est désormais au coeur du débat scientifique". La prise en charge des patients pourrait même s'améliorer selon lui.
franceinfo : Quelle est l’importance de cette récompense ?
Damien Léger : C'est formidable pour nous de voir le sommeil au centre des discussions scientifiques. Ce n'est pas toujours reconnu comme un facteur de santé publique et là ça le met au cœur du débat. Pour beaucoup de médecins, le sommeil parait quelque chose de naturel et ils ont parfois du mal à le considérer comme un facteur scientifique.
Quelle est la portée de leur découverte ?
C'est extraordinaire car ils ont travaillé sur une mouche. Cette bête présente un grand avantage, elle n'a que quelques gènes. Et ils ont découvert que l’horloge biologique agit, non seulement dans l’organisme, mais aussi dans chacune de nos cellules. Ce qui est extraordinaire dans cette étude, c’est l’équilibre entre le jour et la nuit. La lumière a plus d’influence qu’on pourrait le penser sur nos comportements. Ce rythme d’une journée de 24h impose une période de repos indispensable. C’est le cas pour les hommes comme pour les mouches.
Cela va changer quoi pour les traitements ?
On fait face à des patients qui souffrent à cause du travail de nuit. Le décalage avec l’horloge biologique provoque des problèmes de santé. Mieux connaître l’existence de cette horloge au niveau de chacune des cellules offre des perspectives importantes sur la prise en charge des patients. C'est le cas par exemple des non-voyants qui sans perception de la lumière ont des soucis de désynchronisation de leur horloge biologique.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.